Les veuves des martyrs Mohamed Brahmi et Chokri Belaid, Mbarka Brahmi et Besma Khalfaoui Belaid ont marqué leur opposition au maintien de l’actuel ministre de l’Intérieur Lotfi Ben Jeddou dans le prochain gouvernement de Mehdi Jomâa.
« Ben Jeddou est témoin de l’assassinat de mon époux, a accusé Mbarka Brahmi, dès lors qu’il disposait de tous les éléments et preuves, notamment le document de l’agence américaine de renseignement qui a été dissimulé par l’équipe de Ben Jeddou, jusqu’à ce que l’assassinat soit commis », a-t-elle dit lors d’une conférence de presse lundi à Tunis.
Elle a estimé que le ministre de l’Intérieur semble vouloir classer le dossier sans suite en ouvrant une information contre X, ajoutant :« Il faut démettre Ben Jeddou de son poste mais avant il doit remettre tous les documents en sa possession prouvant l’implication de la police dans cet assassinat ».
La veuve de Mohamed Brahmi a affirmé avoir remis à la police deux lettres qu’elle avait reçues le 22 septembre et le 12 décembre relatant dans les moindres détails les péripéties de l’assassinat de son époux dont les noms des policiers impliqués, leur lieu de travail et une communication téléphonique interceptée le jour de l’assassinat entre le président du mouvement Ennahdha Rached Ghannouchi et le chef du gouvernement Ali Larayedh.
« Je n’ai reçu aucune réponse quant à la véracité des deux lettres alors qu’une enquête devrait être ouverte en ce sens », a-t-elle regretté. Corroborant les propos de Mbarka Brahmi, Besma Belaid a estimé que Ben Jeddou ne peut pas être maintenu à la tête du ministère de l’Intérieur en raison de son laxisme et de son incapacité de maîtriser la situation face aux informations qui circulent faisant part de l’existence d’une police parallèle.
Elle a déploré dans ce sens le fait que le collectif de défense dans l’affaire de l’assassinat de Chokri Belaid n’a reçu les résultats d’expertise balistique qu’après plusieurs mois de leur arrivée de France.