Tunisie – Médias : Le gouvernement, héritier du modèle Ben Ali

M. Kamel Labidi, ancien président de l’Instance Nationale pour la Réforme de l’Information et de la Communication (INRIC), a souligné lors d’un colloque sur le thème “les médias et la transition démocratique”, que le refus de réactiver les décrets-loi 115 et 116 concernant le secteur de l’information montre que le gouvernement provisoire suit la voie de “l’ancien régime en appliquant la politique de musellement des médias et de désignation unilatérale de personnes proches du pouvoir à la tête des médias”, selon lui.M. Ridha Jenayah, ancien membre de l’INRIC, a présenté, au cours de ce colloque, organisé samedi soir à Sousse par la Coordination de la société civile, une analyse critique des projets de loi relatifs à la liberté d’expression présentés à l’Assemblée Nationale Constituante. Ces textes, a-t-il fait remarquer, ont été élaborés par la majorité au pouvoir dans une absence totale de transparence et sans la participation des parties prenantes dans le paysage médiatique, ouvrant la voie à “une constitutionnalisation de la répression des libertés”.

Pour sa part, M. Sami Tahri, porte-parole de l’Union Générale Tunisienne du Travail, a exprimé son étonnement “de l’indifférence du gouvernement face au mouvement de protestation des journalistes de Dar Assabah pour exprimer leur refus de la nomination du nouveau directeur”. Il a qualifié la liberté de la presse de “mère de toutes les batailles”, estimant que le droit à une information libre et indépendante constitue un droit fondamental du citoyen.

Au cours de cette conférence, les participants, spécialistes, syndicalistes, militants des droits de l’Homme, ont dénoncé les tentatives du gouvernement “d’asservir” le secteur de l’information et de le “discréditer” auprès de l’opinion publique. Ils soulignent que la liberté de la presse n’est pas uniquement le droit des journalistes mais de tous les citoyens sans exclusive.

Ce colloque a, également, été l’occasion de passer en revue les principales raisons qui ont poussé le Syndicat National des Journalistes Tunisiens (SNJT) à décider d’une grève le 17 octobre prochain, en plus d’évoquer les tensions sociales à la Radio nationale.

(WMC/TAP)