Tunisie : Le collectif de défense rejette les verdicts dans l’affaire du “complot contre l’État”

Le collectif de défense dans l’affaire dite du « complot contre la sécurité de l’État » a vivement rejeté, ce samedi, les verdicts prononcés par la chambre criminelle spécialisée dans les affaires de terrorisme près le tribunal de première instance de Tunis. Les peines, allant de 13 à 66 ans de prison, concernent quarante accusés, parmi lesquels des figurent des personnalités politiques, d’anciens responsables, des avocats et des hommes d’affaires.

Parmi les figures politiques impliquées dans cette affaire se trouvent Issam Chebbi, Ghazi Chaouachi, Jawhar Ben Mbarek, d’anciens dirigeants du mouvement Ennahdha, ainsi que d’autres personnalités telles que l’homme d’affaires Kamel Letaief, l’ex-députée Bochra Belhaj Hmida et le Français Bernard-Henri Lévy.

Dans un communiqué publié après l’annonce des verdicts, rendus tard dans la nuit de vendredi, le collectif a dénoncé un procès qui « n’a pas respecté les conditions minimales d’un procès pénal ni les garanties élémentaires d’une audience équitable ». Il a notamment critiqué le fait que la chambre criminelle ait prononcé son jugement « trente secondes seulement après avoir rejeté les demandes de report », sans entendre les accusés ni leurs avocats.

Les prévenus étaient poursuivis pour des chefs d’accusation graves, notamment « complot contre la sûreté intérieure et extérieure de l’État », « constitution d’une entente terroriste », « actes visant à changer la nature de l’État », ainsi que « atteintes à la sécurité alimentaire et à l’environnement ». Ces charges ont été confirmées par le premier substitut du procureur de la République au pôle judiciaire de lutte contre le terrorisme.

Les audiences se sont déroulées à distance, une décision justifiée par « l’existence d’un danger réel », mais boycottée par la majorité des accusés détenus. Les avocats de la défense avaient en vain réclamé un retour aux audiences en présentiel, jugées essentielles pour garantir un procès équitable.

Ouverte en février 2023 après une série d’arrestations, cette affaire continue de soulever des critiques quant au respect des droits de la défense. Le collectif a appelé à « lutter pour le respect des conditions d’un procès équitable », afin de « protéger les droits et libertés et défendre la réputation du pays ».