Tunisie : Ouverture d’une enquête contre Rached Ghannouchi pour ” trahison et espionnage “

La justice se saisit d’une affaire dans laquelle le président du mouvement Ennahdha, Rached Ghannouchi, devrait répondre de ” suspicions de trahison et d’espionnage “, a annoncé le membre du collectif de défense des martyrs Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi Ridha Raddaoui.

La garde nationale d’Al-Aouina nous a tenus informés de l’ouverture d’une enquête contre Rached Ghannouchi sur fond d’une plainte portée par le comité auprès du tribunal militaire sur des suspicions ” de trahison et d’espionnage “, a-t-il fait savoir. ” Pour le volet financier de la plainte en question, on nous a avisé, aujourd’hui dans la matinée, qu’elle est actuellement du ressort de la sous-direction des infractions économiques”, a-t-il assuré.

Il s’exprimait lors d’une manifestation de protestation organisée, jeudi, par le collectif de défense des deux martyrs, devant le siège du Conseil Supérieur de la Magistrature (CSM) au cours de laquelle les participants ont brandi des slogans plaidant ” l’intervention du président de la République pour ouvrir le dossier des assassinats politiques, et faire en sorte que les juges dans les affaires de terrorisme, les criminels et les mafias répondent de leurs actes “.

S’attardant sur des questions de procédure, Raddaoui a fait savoir que la distribution des affaires entre la garde nationale et la sous-direction des infractions économiques s’appuie sur des règles de compétence. C’est ainsi, dit-il, que les affaires de blanchiment d’argent sont du ressort du tribunal de première instance alors que celles liées à la trahison et à l’espionnage relèvent du tribunal militaire “.

Pour sa part, Kouthair Boualleg, un autre membre du collectif a affirmé que les membres de la défense seront auditionnés, lundi prochain par la 1e brigade centrale de la garde nationale d’El-Aouina sur fond de ” l’affaire de renseignement, d’espionnage et d’intelligence avec l’étranger ” Me Boualleg a pointé le Conseil Supérieur de la Magistrature pour sa responsabilité dans le choix de magistrats qui ont sciemment dissimulé l’appareil parallèle du mouvement Ennahdha et de l’éparpillement des dossiers des assassinats politiques, déplorant à ce titre le recours excessif au moyen dilatoire, ce qui a laissé l’affaire traîner en longueur jusqu’à ce jour.

” Nous avons remis au CSM des centaines de documents prouvant sans équivoque l’implication du président du mouvement Ennahdha et de ses dirigeants dans les assassinats politiques et le blanchiment d’argent “, a-t-il révélé.