Tunisie : Des députés appellent à une révision globale de la loi électorale

Des députés ont demandé, mardi 3 mars 2020, lors de la séance plénière de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), consacrée à l’amendement de la loi électorale et à l’approbation de l’augmentation du seuil électoral à 5% (au lieu de 3%), à ce que “l’amendement de ladite loi soit global et ne concerne pas un point précis servant l’intérêt de partis bien déterminés”.

Selon le député du bloc Tahya Tounes, Mabrouk Korchid, focaliser sur le seuil électoral et considérer qu’il est à l’origine de la fragmentation de l’hémicycle est une “grande tricherie”. Le morcellement du Parlement ne résulte pas uniquement de la loi électorale mais de plusieurs autres facteurs dont notamment l’absence de partis porteurs de projets et capables de gouverner, estime-t-il.

La même loi électorale, a-t-il argumenté, a donné la majorité au mouvement Ennahdha dans l’Assemblée constituante, en 2011, et à Nidaa Tounes en 2014. Elle est à l’origine de la fragmentation de l’hémicycle en 2019, a-t-il insisté.

Pour lui, porter le seuil électoral à 5% sert les intérêts des “grands partis”. D’où l’importance, propose-t-il, d’élaborer un nouveau code électoral. La loi électorale ne pouvant, à elle seule, résoudre les problèmes politiques, dit-il.

Pour sa part, le député du bloc démocratique, Adnen Ben Brahim, a fait observer que l’augmentation du seuil électoral vise à “rétablir l’ancien système par des mécanismes démocratiques”.

Hsouna Nasfi, président du groupe Réforme nationale a estimé, quant à lui, que plusieurs dispositions de la loi électorale nécessitent une révision, mais il faut prendre le temps d’en discuter, a-t-il dit.

La présidente du bloc Parti destourien libre (PDL), Abir Moussi a souligné, pour sa part, que la révision du décret-loi n° 2011-87 du 24 septembre 2011 portant organisation des partis politiques doit passer en premier.

Elle a également appelé à réviser la question relative au financement des partis politiques par des parties étrangères, s’interrogeant sur l’issue de la loi interdisant “le tourisme partisan”.

L’intervention de la députée Abir Moussi a donné lieu à des échanges acerbes entre les députés PDL et ceux d’Al Karama. La députée avait décrié une “accusation de mécréance et un appel à l’assassinat”, en réaction à l’intervention du député de la Coalition Al Karama, Nidhal Saoudi. Ce dernier avait dit :”nous avons l’habitude de ce genre de propos tenus par les ennemis de l’islam”.