Les années 2016-2018 marquent le regain du cinéma tunisien et sa rennaissance. Avec l’appui des institutions publiques à l’instar du Centre National du Cinéma et de l’Image (CNCI), le cinéma tunisien a retrouvé la vigueur et la fougue de son âge d’or quand les pionniers, grands rêveurs et militants sincères ont mis les jalons d’un cinéma national en phase avec les courants intellectuels et artistiques les plus modernes d’Afrique, d’Asie, de l’Amérique Latine et d’Europe et participé à la fondation de la Société anonyme tunisienne de production et d’expansion cinématographique (SATPEC) qui a assuré jusqu’à la fin des années 80, le financement et la réalisation des films tunisiens dans ses laboratoires de Gammarth.
La Tunisie d’après janvier 2014 a, selon un rapport publié sur le site de la Cité de la culture, permis de mettre fin à des années d’incertitudes, de marasme et de recul de la cinématographie nationale reléguée plans des priorités des politiques et confrontée à la concurrence étrangère et à la flambée du cout de production. Au cours de la période d’incertitude coincidant avec la disparition de la SATPEC en 1992, les cinéastes tunisiens ont peiné pour boucler les schémas de financement de leurs œuvres et certains ont tout simplement renoncé à la création, ce qui a eu un impact négatif sur la cinéphilie et les infrastructures de projection dont la plupart a fermé les portes.
Regain du cinéma tunisien soutenu par une volonté politique
L’appui du Ministère des Affaires Culturelles au secteur cinématographique et à tous ceux qui y travaillent s’est traduit par une politique qui se décline sur plusieurs volets dont l’aide à la production avec des montants conséquents, le réexamen des dossiers en suspens avec des aides supplémentaires qui ont atteint pour la seule année 2017 environ 240 mille dinars.
Cette nouvelle dynamique insufflée au secteur du cinéma a encouragé les cinéastes à produire en offrant voir des œuvres essentielles dont les échos de leur succès ont retenu l’attention dans les festivals les plus prestigieux du monde à l’instar de ” Hédi ” de Mohamed Ben Attia, ” Regarde-moi ” de Néjib Belkhadi ou encore ” Fatwa ” de Mahmoud Ben Mahmoud et la liste est longue. En 2018, plus de 100 demandes d’aides à la production dont 44 demandes de financement de longs métrages sont parvenues à la commission d’aide à la production.
Un autre signe de la prospérité de ce secteur, les demandes de tournage dont le nombre a atteint 138 autorisations en 2016, 145 en 2017 et 150 en 2018 à travers le guichet unique qui rassemble plusieurs départements dont le Ministère de l’Intérieur et le Ministère de la Défense Nationale.
Cette politique a eu des conséquences palpables sur l’infrastructure cinématographique avec un retour progressif des activités de plusieurs salles qui ont été équipés par le ministère par des systèmes de projection numérique à l’instar des salles Le Colisée, Le Palace, l’ABC, Le Rio, Zéphire, l’Agora, Amilcar, Ciné Jamil, Mad’Art…L’équipement des salles par le Ministère des Affaires Culturelles a également touché la plupart des Maisons de la culture dont les salles de projection ont été équipées par des DCP.
A cet égard force est de souligner que la direction des Arts Audiovisuels a accordé en 2018 environ 70 autorisations de projections commerciales au profit des sociétés de distribution enrichissant de la sorte la scène cinématographique en Tunisie.
Regain du cinéma tunisien: rôle du CNCI dans la promotion du cinéma tunisien
Avec à sa tête Chiraz Laatiri, le Centre National du Cinéma et de l’Image (CNCI) a, dès son entré en exercice en janvier 2013, impulsé et renforcé cette nouvelle dynamique véçu par le secteur du septième art tunisien.
Avec ses multiples missions législatives, promotionnelles, et de soutien financiers aux cinéastes, le CNCI, lit-on dans le rapport, a engagé un véritable chantier de développement du Cinéma tunisien en accordant une place de choix dans ses programmes à la formation professionnelle dans les domaines du cinéma et de l’industrie digitale créative, avec la création d’un Digital Creative Lab et d’un Gaming Lab. En plus de la formation, la CNCI s’est engagé aussi dans la collecte, la conservation, la restauration et la valorisation du patrimoine cinématographique à travers la Cinémathèque nationale inaugurée en 2018 avec à sa tête le cinéaste Hichem Ben Ammar qui a institué de nouvelles traditions de projection de grandes œuvres avec des débats et de rencontres thématiques hebdomadaires.
De même, le CNCI s’est penché sur le chantier de la restructuration à travers notamment la proposition d’un texte régulant la commission de classification des films, la structuration et la régulation du secteur d’exploitation et de distribution cinématographique, le développement du système centralisé de la billetterie unique dans les salles du Cinéma qui a été achevé.
La promotion et le soutien financier des productions du cinéma tunisien reste l’une des principales vocations du CNCI. En effet, durant la période (2016-2018), il a apporté son soutien financier à 22 longs métrages de fiction en 2016 avec un montant de 4 million 966 mille dinars, à 20 longs métrages fiction en 2017 avec un montant de 2 751 mille dinars environ et 24 longs métrages de fiction en 2018 avec un montant de 3 128 mille dinars environ.
Si l’on additionne les aides à la production accordées aux longs métrages documentaires, courts métrages documentaires et fiction et à l’aide à l’écriture les chiffres deviennent très éloquents avec un montant total de 5 million 761 mille dinars en 2016, 3 454 mille dinars en 2017 et 3 million 997 mille dinars en 2018. Le soutien du Ministère des Affaires Culturelles au Cinéma à travers le CNCI touche également la coproduction avec un montant qui a voisiné les 400 mille dinars en 2017 et 400 mille dinars en 2018. L’appui financier englobe aussi l’acquisition des droits culturels de films, le financement de l’aménagement des salles de cinéma qui a atteint durant les années 2016-2018 plus de 1million 316 mille dinars.
En plus du travail de structuration du secteur et de l’appui financier des productions tunisiennes, la CNCI a par ailleurs apporté son soutien aux festivals, rencontres et associations avec des montants très importants dont les JCC, Festival Manarat, JIDC, Forum de Co-production Latino Arabe, Forum Produire au Sud avec un total de 2 million 140 mille dinars en 2018 contre 1 million 520 mille dinars en 2017. Outre ses nouveaux projets “1001 films”, “Ciné Par’Court”, “Tunisia Factory 2018”, “Tunisia Games Factory” qui ont profité de 540 mille dinars en 2018, le CNCI a été très actif dans la promotion du cinéma tunisien à l’étranger à travers notamment l’organisation et l’animation du Pavillon Tunisien à Cannes 2019.
Avec sa Cinémathèque, son Didigital Créativ Lab et son Gaming Lab et à travers ses stratégies plurielles de structuration du secteur, la CNCI a pris part active au progrès et à l’épanouissement du secteur du cinéma tunisien et de ses auteurs et acteurs tout en s’inscrivant au centre de la politique de réforme générale mise en œuvre entre 2016- 2018 par le ministère des affaires culturelles et qui touche tous les secteurs de la culture.