Tunisie : Les victimes et témoins des évènements du bassin minier quittent la salle d’audience

Les victimes et témoins des évènements du bassin minier de 2008 se sont retirés, mercredi, de la deuxième séance consacrée à leur audition par la chambre judiciaire spécialisée dans la Justice transitionnelle au Tribunal de première instance de Gafsa, en signe de protestation contre l’absence des personnes accusées dans cette affaire.

Deux d’entre eux ont été choisis pour annoncer la décision de quitter la salle d’audience qui a démarré aux alentours de 10H00. Ils dénonçaient la non convocation, à la barre des personnes accusées d’actes de torture parmi les agents de sécurité. Ils ont regretté l’appel des syndicats sécuritaires adressé aux accusés de ne pas se présenter devant la juridiction.

L’une des victimes déléguées pour représenter le reste des plaignants, Béchir Laabidi qui est le secrétaire général de la section de la Ligue tunisienne pour les droits de l’homme (LTDH), a expliqué que la décision de retrait est prise en réaction à l’absence des tortionnaires de la séance d’audition. Ces derniers ont été, soutenus par l’Exécutif à savoir le ministère de ll’Intérieur, la présidence du gouvernement et la présidence de la République, selon ses propres dires. Il s’agit, a-t-il regretté, d’un coup porté à la justice transitionnelle et d’une tentative de compromettre la réconciliation.

La défense a également boycotté la séance d’audition, regrettant, dans une déclaration de presse “l’absence d’une réelle volonté de trancher l’affaire”.

Pour rappel, la chambre spécialisée dans la Justice transitionnelle relevant du tribunal de première instance de Gafsa a entamé l’examen de l’affaire des évènements du bassin minier le 28 septembre dernier.

En 2008, les délégations de Redaief, Moulares Metlaoui et Mdhilla ont été le théâtre d’une révolte populaire en protestation contre la propagation du chômage et l’absence du développement dans la région. Une révolte réprimée avec violence par l’ancien régime qui avait alors lancé une vague campagne d’arrestation parmi syndicalistes et activistes politiques.

Les affrontements avec la police ont fait six morts et plusieurs blessés.