Tunisie : La HAICA menace de fermer Nessma

Ils veulent fermer la chaine « Nessma »

La chaine « Nessma » vient de recevoir une lettre émanant de la HAICA, datée du 05 octobre 2018, dans laquelle celle-ci informe la chaine de sa décision de lui infliger une nouvelle amende de 50 mille dinars et la menace de fermeture et de confiscation de ses équipements par la force publique ainsi que l’arrêt de sa diffusion. En réaction, « Nessma » tient à porter à la connaissance de l’opinion publique ce qui suit :

Il importe tout d’abord de rappeler que la chaine « Nessma » est titulaire d’une autorisation légale d’exploitation et de diffusion octroyée par l’Etat tunisien depuis 2009, c’est-à-dire depuis une dizaine d’années et qu’elle est considérée comme une des chaines pionnières les plus enracinées dans l’espace médiatique national et régional.

Ensuite, voilà qu’aujourd’hui, après de multiples et vaines tentatives visant à assujettir la chaine, à la suborner, et à faire pression sur ses journalistes, « Nessma » se trouve confrontée, depuis des mois, à des opérations multiformes et méthodiques de menaces et d’intimidation, de la part d’organismes gouvernementaux et d’institutions de l’Etat. Il apparait clairement que cette campagne obéit au moins à deux motifs principaux : le premier a trait au fait que la chaine « Nessma » assume son rôle de média en cohérence avec sa ligne éditoriale, de manière libre, indépendante et transparente et ce, en couvrant la réalité vécue, en dévoilant la vérité et en relayant la voix du citoyen où qu’il se trouve. Elle s’attache également à offrir tribune au pluralisme d’opinion et donner parole à tous les représentants du paysage politique et social sans exclusion. Quant au second motif, objet de cette campagne, il réside dans le fait que « Nessma » produit un programme social de solidarité humaine en collaboration avec l’association « Khalil Tounes » visant à venir en aide, autant que faire se peut, à nombre de nos concitoyens malades et nécessiteux, programme dont le large succès populaire semble déranger certains esprits chagrins qui s’acharnent injustement à mettre fin à sa diffusion.

Il est également clair que la ligne éditoriale modérée et consensuelle adoptée par « Nessma », qui en fait la chaine de la famille par excellence et qui s’inscrit pleinement dans le cadre des libertés promues par la Constitution, en tête desquelles la liberté d’expression, il est clair donc que cette démarche n’a pas l’heur de plaire au gouvernement lequel considère qu’elle est en contradiction avec ses orientations et ses choix politiques, ses intérêts et ses ambitions pour le futur. D’où la mobilisation d’organismes administratifs de l’Etat et d’institutions de contrôle à seule fin de mettre la chaine à genoux, de la pousser à la faillite et de la rayer du paysage médiatique. L’objectif inavoué étant sans doute de faire place nette à d’autres médias domestiqués, spécialisés dans le marketing électoral et chargés de redorer l’image du gouvernement.

Ainsi des très nombreuses opérations de contrôle, à la fréquence inusitée, et du harcèlement continu exercé par le ministère des finances à travers les services des impôts, le tout s’inscrivant dans une volonté de mettre carrément fin aux activités de la chaine.

Ainsi également et en particulier de l’étrange synchronisation sinon de la coordination constatée entre les interventions des services relevant du ministère des finances et celles de la HAICA – Institution devenue illégale et caduque du fait d’avoir largement dépassé les délais de son mandat et instrument malléable à la solde du gouvernement – dont les pressions plus que fréquentes sur la chaine et la multiplication des amendes infligées de manière injustifiée ont dépassé le milliard de millimes. Dont 600 mille dinars réservés uniquement à la « punition » de l’émission « Khalil Tounes ». Il importe d’ailleurs de souligner, à ce sujet, que jamais dans l’histoire de la Tunisie une sanction financière d’un tel montant n’a été infligée de manière aussi illégale et scandaleuse à une émission sociale dont le seul « tort » est de porter le nom de « Khalil Tounes ». Jamais émission n’a été frappée d’un tel ostracisme de la part d’un organisme censé jouer un rôle de régulateur. Un comportement volontairement destructeur à l’égard d’une chaine qui occupe, depuis des années, la 1ère place des chaines les plus regardées en Tunisie avec une moyenne de 5 millions de téléspectateurs par jour sans compter son rayonnement au-delà des frontières, puisque avec 10 millions de téléspectateurs, Nessma est aussi la première chaine du Maghreb et la première chaîne arabe en Europe.

Depuis le 14 janvier 2011 et tout au long de la période des six premiers gouvernements qui se sont succédé, jamais sanction financière n’a été mise à exécution contre les médias. Seul le septième et actuel gouvernement a décidé de le faire, en particulier à l’encontre de « Nessma », en les accompagnant, en guise de mesure d’étouffement, du gel des comptes bancaires et des avoirs auprès des annonceurs de la chaîne.

Aussi, est-ce avec la plus grande vigueur que la chaîne « Nessma » condamne et fustige ces agissements contraires à la constitution, à la démocratie et à la liberté d’information et d’expression, réaffirme son rejet absolu de la logique de la subordination, du troc et du chantage et son refus de tout ce qui est de nature à porter atteinte à l’indépendance de sa ligne éditoriale et à la liberté de ses journalistes. Elle déclare sa détermination à user de tous les moyens nécessaires, dans le cadre de la loi, en vue de défendre son existence et plaider sa juste cause à l’échelle la plus large, nationale et internationale. Elle avertit également qu’elle poursuivra en justice et dénoncera devant l’opinion publique toutes les personnes impliquées dans cette campagne destinée à la détruire et à mettre en danger la situation professionnelle et sociale de ses 450 employés entre journalistes, techniciens et cadres administratifs et de leurs familles. « Nessma » s’adressera enfin à son large public pour la défense de son existence et de sa pérennité car, avant que d’être la propriété de ses actionnaires, elle reste par-dessus tout la chaîne de tous les Tunisiens et Tunisiennes, la voix des régions et le porte-voix de la parole libre.