Tunisie : Le nombre de femmes victimes de violences a doublé après la Révolution

Le nombre de femmes victimes de violences a doublé après la révolution de janvier 2011, s’alarment plusieurs rapports cités lors de la conférence sur “la violence à l’égard des femmes: approches et solutions”, organisée mercredi à Tunis par l’association “Tunisiennes” à l’occasion de la Journée internationale de la femme.

Des chercheurs et des spécialistes en psychologie et en droit ainsi que des experts médiatiques et des militants de la société civile ont participé à cette conférence consacrée au projet de loi organique contre la violence faite aux femmes et à une relecture législative et religieuse de ce phénomène, dans toutes ses dimensions.

“Les chiffres ont connu une hausse effroyable après la Révolution, passant de 27% à 50% des femmes victimes de violences dans le pays, toutes catégories et régions confondes, et aussi bien dans l’espace public que privé”, ont dénoncé les intervenants.

Ils ont mis l’accent sur l’impératif de placer la question de la violence à l’égard des femmes parmi les priorités nationales, appelant les décideurs à lui accorder l’importance requise devant sa propagation inquiétante dans toutes les régions.

“La violence à l’égard des femmes prend des formes diverses. Cela va du mariage forcé au meurtre, la maltraitance physique, le viol, la traite, le harcèlement sexuel, la violence économique et la prostitution forcée”, ont-ils relevé.

Ils ont pointé du doigt une “incapacité des politiques générales actuelles à stopper ce phénomène en dépit du caractère répressif de certaines lois”, rappelant que l’enquête réalisée par l’Office de la famille et de la population auprès de 3873 femmes a montré que 47.6% des femmes âgées entre 18 et 64 ans ont été victime d’au moins une forme de violence physique, psychologique, sexuelle ou économique.

Ils ont également reconnu que “la vision réductrice de la femme dans son espace familial et dans la société se poursuit, dans une société masculine et machiste régie par une mentalité discriminatoire, elle-même dictée par un lourd héritage culturel”.

Les participants ont dans ce sens appelé à agir sur l’information, la sensibilisation, l’éducation et le changement des lois pour ancrer véritablement les principes de citoyenneté et d’égalité.

La présidente de l’association “Tunisiennes” Hend Bouziri a mis l’accent sur l’importance de préserver les acquis de la femme tunisienne et d’accélérer la promulgation du projet de loi contre les violences faites aux femmes en veillant, avant cela, à combler les lacunes qu’il comporte.

Elle a en outre souligné la nécessité d’élaborer une stratégie nationale de lutte contre la violence faite aux femmes, visant à changer les mentalités et les comportements et à répandre la culture de la non-violence et du respect des droits, tout en offrant aux femmes victimes de violences les services d’aide et de prise en charge adéquats.