53.5% des femmes ont subi une forme de violence dans l’espace public en Tunisie

53.5% des femmes disent avoir subi une forme de violence dans l’espace public en Tunisie pendant les quatre dernières années(2001-2015), révèle une étude menée, conjointement, par le centre de recherches, d’études, de documentation et d’information sur la femme (CREDIF) et l’ONU femmes.

Présentée, lors d’un point de presse, tenu mercredi, à Tunis, cette étude intitulée “la violence fondée sur le genre dans l’espace public en Tunisie”, a été menée auprès d’un échantillon de 3873 personnes (hommes et femmes) dont la tranche d’âge varie entre 18 et 64 ans, réparties sur l’ensemble de la république.

Cette étude a permis de démontrer que 75.4% des femmes enquêtées ont subi des violences sexuelles dans l’espace public, essentiellement, dans les transports en commun, où le pourcentage des femmes victimes de ce type de violence est de 91.2%.

Le coordinateur scientifique de l’étude, Slim Kallel a qualifié de paradoxal le fait que les femmes exposées à la violence sexuelle refusent de porter plainte contre leurs agresseurs, indiquant, à ce propos, que seulement 3% d’entre-elles réagissent dans l’immédiat.

Pour ce qui est de la violence physique dans l’espace public, l’étude a souligné que 41.2% des femmes interviewées ont été victimes de violences physiques dont les auteurs sont dans 8% des cas, les chauffeurs et les caissiers des transports en commun.

82% des victimes de ce type de violence refusent de porter plainte contre leurs agresseurs.

Kallal a, par ailleurs, affirmé que la violence fondée sur le genre dans toutes ses formes concerne toutes classes sociales confondues.

Il a, également fait savoir que le pourcentage des femmes victimes de violences psychologiques dans les transports en commun s’élève à 71.7%, ajoutant, que 58.3% de ces femmes sont exposées à ce type de violence sur le lieu de travail.

Toujours selon cette étude, il apparaît que ce sont les divorcées et les célibataires qui subissent le plus de violences psychologiques avec des taux respectifs de 85% et de 80%.

Afin de résister à toutes ces formes de violence, 87% des femmes interviewées déclarent qu’il vaut mieux ne pas attirer l’attention.

Le groupe de recherches chargée de l’étude a souligné, pour sa part, que l’espace public a connu de nouvelles formes de violence exercées à l’égard de la femme, dont principalement, la violence politique, l’exclusion et la marginalisation.

Par ailleurs, l’étude a formulé une série de recommandations appelant, principalement, à la nécessité de repenser les contenus des manuels scolaires, de manière à épurer les images stéréotypées et péjoratives de la femme et de mettre en oeuvre une politique nationale garantissant davantage la sécurité des espaces publics.

Il est ainsi, préconisé, d’installer des caméras dans les lieux publics à l’instar des transports en commun, et ce, en vue de dissuader les agresseurs potentiels et constituer des preuves en mesure d’encourager les femmes à porter plainte.

Il s’agit, en outre, d’organiser des sessions de formation continues sur les violences fondées sur le genre et des campagnes de sensibilisation de lutte contre la violence faite aux femmes dans l’espace public et les médias.

Intervenant, à cette occasion, la directrice générale du CREDIF a souligné que cette étude a pour principal objectif de fournir des statistiques et des données scientifiques sur la violence fondée sur le genre.

Prenant la parole, le chef de cabinet du ministre de la femme, de la famille et de l’enfance, Nizar Kharbach a fait savoir que le département a mis en place, une stratégie nationale visant à apporter le soutien nécessaire à toutes les femmes victimes de violence.

Il a, dans ce contexte, souligné que plusieurs centres d’hébergement ont été crées, dans plusieurs régions, afin de mieux prendre en charge les victimes, faisant savoir, par ailleurs, qu’un projet de loi sur la violence fondée sur le genre, sera prochainement soumis à l’assemblée des représentants du peuple (ARP).

Près de 70% des femmes dans le monde ont été exposées au moins, une fois dans leur vie, à une forme de violence, selon les statistiques internationales.