“Les lacunes de la législation tunisienne permettent aux auteurs de viol, d’agression sexuelle et de violence physique d’échapper aux poursuites alors que les victimes sont souvent sanctionnées et culpabilisées quand elles osent signaler les crimes commis contre elles” a déclaré le directeur du bureau de Tunis d’Amnesty International, Lotfi Azzouz.
Lors d’une conférence de presse tenue, jeudi, à Tunis, consacrée aux résultats du rapport de l’organisation intitulé “Les victimes accusées: violences sexuelles et violences liées au genre en Tunisie”, Azzouz a souligné que cinq ans après la révolution du 14 janvier 2011, “la Tunisie, pays avant-gardiste en matière d’égalité des sexes, ne protège pas encore les femmes qui subissent des violences”.
En concomitance avec la publication de ce rapport, une campagne mondiale d’Amnesty international placée sous le signe “Mon corps, Mes droits”, sera lancée, a-t-il annoncé, l’objectif étant d’inciter les gouvernements à cesser de régenter et de criminaliser la sexualité et la procréation.
Azzouz a affirmé qu’une pétition sera adressée aux autorités tunisiennes, notamment, le chef du gouvernement et les responsables des ministères de la santé et de l’Intérieur, de la femme, de la famille et de l’enfance en vue de les exhorter à adopter une loi intégrale contre la violence faite aux femmes et jeunes filles en harmonie avec les engagements internationaux de la Tunisie en matière des droits de l’homme.
L’Organisation, a-t-il dit, exhorte la Tunisie à réviser les législations attentatoires à cette catégorie de personnes, vers le sens de la reconnaissance juridique de la violence conjugale et en vue lutter contre l’impunité des violateurs en cas de leur mariage avec les victimes parmi les mineures.
La pétition plaide, selon le responsable d’Amnesty International, en faveur de l’élargissement de l’accès aux personnes ayant échappé à la violence sexuelle au système de santé et oeuvre à promouvoir les comportements au niveau du milieu familial et social.
De son côté, la chercheuse dans les affaires du Nord de l’Afrique au sein de l’Organisation Amnesty International, Majdolina Maghrebi a fait remarquer que le rapport a couvert six gouvernorats de la Tunisie (Tunis, Sousse, Kairouan, Sfax, Gafsa et Kef) et s’est appuyé sur des entretiens avec des dizaines de femmes et de jeunes filles victimes de la violence physique et sexuelle, du viol et de la violence domestique et de harcèlement sexuel.
Ces entretiens ont fait ressortir que ces femmes sont confrontées à des obstacles d’ordre juridique ou sociétal lorsqu’elles décident de signaler officiellement les agressions subies.
La chercheuse met en garde contre les lois régissant le viol en Tunisie, qui a-t-elle dit, sont assorties de nombreuses insuffisances, citant à ce propos la difficulté de prouver l’usage de la violence ou de la force dans certains cas.
Ce rapport est publié en concomitance avec les festivités marquant la célébration de la journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes qui coïncide avec le 25 novembre de chaque année.