Tribune : Lois, justice et lutte anti-terroriste

tunisie-manif-ambassade-usa-a01Le pouvoir judiciaire est du ressort des tribunaux, a pour fonction de faire respecter et d’appliquer la loi. De ce fait, il est considéré comme la principale forteresse d’un Etat moderne face à l’anarchie et au désordre.

De nos jours, le principal défi auquel un Etat fait face est la lutte contre le terrorisme, en se munissant d’un arsenal juridique et d’une branche exécutive qui permet de l’imposer à tous les citoyens et individus vivant dans notre pays… sur notre terre sacrée !

Mais n’est-il pas trop beau pour être vrai?

Depuis plus de 3 ans, nous assistons à un manque de confiance en la suprême dépositaire de la loi, nommément la magistrature, après la multiplication des décisions jugées douteuses et suspectes.

En septembre 2012, au lendemain de l’attentat terroriste qui a visé l’ambassade américaine en Tunisie, les «terroristes» qui y étaient impliqués ont été relâchés dont plusieurs parmi eux ont rejoint la Syrie.

En janvier 2014, Bilel Chaouachi, djihadiste adepte d’Oussama Ben Laden, a été arrêté puis relâché et qui a, par la suite, rejoint ses «confrères» en Syrie, selon ses dires.

Juillet 2014, la justice a décidé de libérer Anis Chaieb, leader du groupe terroriste «Ansar Chariaa» après avoir cru qu’il a réellement quitté le bercail des terroristes!

En avril 2015, le leader de la brigade terroriste «Abou Mariem», Slim Bouhouch, a été arrêté par la BAT (Brigade Antiterroriste) mais comme tous ses «confrères», il a été relâché par le juge d’instruction pour manque de «preuves».

En avril 2015, 100 terroristes appartenant au groupe terroriste Ansar Chariaa, arrêtés par la Brigade Antiterroriste (BAT), ont été relâchés quelques jours après leurs arrestations sur décision judiciaire.

En juin 2015, deux présumés terroristes, dont Ridha Ahmad al Najjar qui était le garde-corps du chef d’Al-Qaïda, Oussama Ben Laden, ont été libérés après avoir été rapatriés d’Afghanistan.

En juillet 2015, la justice tunisienne a relâché huit personnes arrêtées après l’attentat du musée du Bardo en mars, parmi lesquelles Amin Guebli, présenté à l’époque comme le chef de la cellule responsable de l’attaque.

En juillet 2015, 4 frères «terroristes» ont été arrêtés par la brigade antiterroriste mais qui ont été par la suite relâchés par le juge sans raison.

Houcem Ben Zid impliqué dans l’égorgement d’un cadre sécuritaire a été maintenu en état de liberté alors que les forces spéciales de police ont prouvé son implication.

Le porte-parole du groupe terroriste, Ansar Chariaa, Seifeddine Rais, a été blanchi et relâché par le TPI de Tunis.

Durant les trois dernières années et sur plus de 2.000 «terroristes» arrêtés par les différentes unités de la police et de l’armée, 2/3 ont été relâchés par la justice alors que les preuves et les dossiers qui lui ont été transmis contenaient des preuves matérielles solides dont des enregistrements vidéo et des écoutes téléphoniques, qui ne peuvent, en aucun cas être mis en doute.

Une avocatie au chevet du terrorisme !

Nous savons tous que le droit de défense est un principe constitutionnel conformément à l’article 27 de la nouvelle constitution tunisienne qui stipule «Tout inculpé est présumé innocent jusqu’à l’établissement de sa culpabilité, au cours d’un procès équitable qui lui assure toutes les garanties nécessaires à sa défense en cours de poursuite et lors du procès».

Bien que les lois soient claires et permettent aux accusés de se défendre à travers leurs avocats, ces derniers sont tombés dans l’excès de zèle, voire même dans le blanchiment du terrorisme en appelant à la dissolution de certaines unités sécuritaires, dont la Brigade d’élite, la BAT.

Certains membres de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) mènent actuellement une compagne de dénigrement contre les agents et les officiers de la BAT et appellent, sur les plateaux télévisés, à la dissolution de cet bras fort et solide de l’appareil sécuritaire qui a réussi, durant ces 3 dernières années, à démanteler la plus part des réseaux terroristes liés à l’AQMI (Al Qaïda au Maghreb islamique) et l’EIIL (État Islamique en Irak et au Levant) et à la liquidation de ses chefs en Tunisie.

Toute cette agitation et ces rebondissements à la moindre arrestation de l’un des terroristes nous laissent fugaces, perplexes et confus quant à leurs rôles dans la montée de l’extrémisme en Tunisie.

Issam Khemakhem