Tunisie : Passation de pouvoir et entrée en fonction du gouvernement Essid

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Une cérémonie tenue vendredi en milieu de journée à Dar Dhiafa à Carthage a marqué la passation de pouvoir et l’entrée en fonction du gouvernement Habib Essid.

Elle a rassemblé les membres du cabinet sortant de gestion des affaires courantes et ceux du nouveau gouvernement, de même qu’un certain nombre de personnalités nationales, les représentants des partis politiques et des institutions constitutionnelles et les présidents des organisations nationales.

Dans son allocution lors de la cérémonie, Habib Essid a souligné que « la prochaine étape sera celle de la concrétisation dans les faits et du parachèvement d’une transition démocratique jusque là réussie ».

Il a cité à ce propos comme tâches essentielles à accomplir la mise en place des instances constitutionnelles restantes et des institutions pérennes de la IIe République, la promulgation des textes d’application y afférents et « le passage à une mutation économique qui sied aux impératifs du nouveau processus enclenché par la Révolution du 17 décembre-14 janvier».

La réalisation de ces objectifs, a-t-il dit, commande l’adoption d’un « nouveau schéma de développement qui s’appuierait sur des secteurs public et privé complémentaires et interdépendants, un secteur social solidaire et des activités innovantes à haut contenu technologique et à valeur ajoutée élevée ».

Parmi les autres priorités de la prochaine étape, il s’agira aussi de booster le rythme de croissance, d’assurer une répartition équitable des fruits du développement, de corriger les disparités entre les régions, de combattre la pauvreté et de redonner espoir aux jeunes de Tunisie, en consécration des objectifs et exigences de la Révolution de la liberté et de la dignité.

« La Tunisie et les Tunisiens n’ont désormais d’autre choix que de se remettre au travail, de consolider la stabilité politique et sociale et de mettre en chantier les grandes réformes dans les secteurs stratégiques pour la création de richesses et répondre aux attentes du peuple, toutes couches sociales et régions confondues », a-t-il ajouté.

Un diagnostic de la réalité présente du pays, a encore déclaré Habib Essid, met en évidence l’ampleur des défis à relever dans un contexte de situation critique des finances publiques, du recul du niveau de croissance, de baisse de l’investissement, de piétinement du potentiel de production dans un certain nombre de secteurs, sans compter la montée du chômage, surtout celui des diplômés, et le contrecoup de la récession économique mondiale.

Le nouveau chef du gouvernement s’est engagé à ce que son équipe ne ménagera aucun effort pour être à la hauteur de la confiance du peuple, réaffirmant la détermination à appliquer à la lettre le programme d’action dont il avait présenté les grandes lignes à l’Assemblée des représentants du peuple.

Il a également réitéré le ferme engagement de son gouvernement à entreprendre tout ce qui est en son pouvoir pour dévoiler les dessous de l’assassinat du militant Chokri Belaid.

Habib Essid a enfin exprimé ses remerciements à tous ceux qui avaient contribué au succès du processus de transition démocratique, notamment les gouvernements successifs de l’après révolution, le quartette des parrains du Dialogue national, les partis politiques, les différentes composantes de la société civile et les institutions sécuritaire et militaire.

Le chef du gouvernement sortant Mehdi Jomaa avait pris en premier la parole au cours de la cérémonie pour dire toute sa fierté de l’opportunité qui s’était offerte à lui et aux membres de son gouvernement pour servir le pays « à un moment d’instabilité politique, de grandes difficultés économiques, de défis sécuritaires et d’incertitudes sociales ».

« Par la conjonction des efforts de toutes les composantes de son peuple, la Tunisie a pu surmonter tous les périls. Si elle dispose aujourd’hui d’institutions sécuritaires et militaires fortes, c’est grâce à leurs agents et cadres, mais aussi grâce à leur équipement en matériels nécessaires », a-t-il souligné, estimant que le meilleur service qui puisse aujourd’hui être rendu aux efforts sécuritaires consiste à « éloigner l’institution sécuritaire des contingences politiques ».

« A l’image de l’exception tunisienne qui a réussi si bien dans la conduite de la transition, le gouvernement a mis à profit, dans l’accomplissement de sa mission, une convergence tout aussi exceptionnelle entre une légitimité électorale conférée par l’Assemblée nationale constituante et une autre, consensuelle celle-là, conférée par le Dialogue national », s’est-il félicité.

Jomaa a indiqué que son gouvernement avait focalisé ses efforts sur trois priorités principales, d’ordre politique, sécuritaire et économique, à savoir, respectivement: réaliser des élections à même de faire passer le pays du stade des institutions provisoires à celui des institutions pérennes, combattre le terrorisme selon une approche globale incluant la mise sur pied de dispositifs sécuritaires et judiciaires efficaces et bien adaptés à la tâche, et relever le défi économique dans le cadre de l’attachement à protéger les catégories sociales fragiles et moyennes et à engager des réformes tous azimuts.

La passation de pouvoir a été marquée, cette fois, du sceau de l’innovation, présentée comme procédant d’une volonté d’instaurer de nouvelles traditions en matière d’alternance et d’administration des hautes institutions du pays.

Le gouvernement a, en effet, mis à la disposition du nouveau gouvernement « un dossier de passation » (un gros coffret de documents) donnant un aperçu détaillé de ce qui avait été fait, et ce qui restait à faire en rapport avec les principaux dossiers, secteur par secteur.

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