La visibilité et la perception des films arabes et africains sur le marché européen demeurent en deçà des attentes des cinéastes et des producteurs de la région qui restent sous l’emprise de la chaîne de distribution en Occident.
Afin de jeter la lumière sur cet enjeu de taille, programmateurs de festivals, vendeurs, distributeurs et producteurs étrangers se sont rencontrés avec les cinéastes arabes et africains autour d’une table ronde, organisée mercredi à Tunis, dans le cadre des Journées Cinématographiques de Carthage 2014 (JCC).
Les participants ont souligné que les films de fiction arabes et africains tout comme le cinéma d’auteur sont tout le temps confrontés au manque de visibilité sur le marché de distribution européen.
Dans certains pays européens, des tentatives sont menées afin de permettre plus de visibilité à certains films des pays du Sud. Mais dans les compétitions des grands festivals internationaux, peu de films arabes et africains sont retenus. D’ailleurs, dans des festivals d’envergure tels que Cannes, Berlin, Venise ou Stockholm, les films sélectionnés ont plus de chance par la suite de figurer dans le circuit de diffusion et de vente.
Cela dit, le marché cinématographique européen lui aussi souffre “du problème de la domination des productions américaines” qui ont un impact sur les vendeurs et sur l’audimat européen, qui se trouve influencé par l’offre américaine.
Un bon film repose selon certains vendeurs d’abord sur “un bon script” et une “très belle histoire”. Malheureusement, ces facteurs ne sont pas tout le temps pris en considération. Les films ne trouvent pas leur place assez souvent dans les salles européennes non pas parce qu’ils sont mauvais mais parce qu’ils ne répondent pas aux attentes occidentales.
La véritable problématique du cinéma arabe et africain, c’est l’abondance des productions et la multiplication des festivals connus et moins connus en Europe. Face à cette situation, même “les distributeurs et les vendeurs s’en sortent difficilement”.
Pour le cinéma d’auteur africain et arabe, la galère est encore plus perceptible. En effet, certains estiment que “ce qui intéresse c’est comment les films sont perçus au Sud et pas en Occident”.
Certains participants préconisent aux cinéastes africains et arabes de sortir de l’emprise du marché occidental “en finançant leurs propres films” afin de développer “une industrie cinématographique propre au Sud”. Seulement, d’autres estiment que “se tourner vers une coopération Sud-Sud pour ne plus avoir besoin des productions et coproductions occidentales, est une idée qui s’avère, pour le moment, plutôt utopique.