Les Tunisiens entre l’espoir d’un changement et la crainte de l’avenir

Les visions des Tunisiens interrogés par l’agence TAP sur leurs attentes à deux semaines des élections législatives (26 octobre 2014), sont partagées, leur impressions et réactions mitigées oscillant entre pessimisme chez les uns et optimisme chez les autres.

Pour certains interviewés de professions et tranches d’âge différentes dont des défenseurs des droits de l’homme et des universitaires, la prochaine échéance électorale est un pont vers le changement. En revanche, nombreux sont ceux qui ont fait part de leur déception du bilan des années qui ont suivi la révolution.

Abdeljalil, diplômé du supérieur que le chômage a poussé à travailler dans le commerce parallèle, estime que les programmes électoraux des partis en lice ne sont que “des propagandes et des promesses trompeuses dont le seul objectif est d’arriver au pouvoir”.

Les prochaines élections n’arriveront pas, selon Najoua, cadre bancaire, à dissiper les craintes des électeurs et leur manque de confiance dans les partis politiques.

Elle a ajouté que le pluralisme politique n’a pas réussi à mettre fin à la corruption financière et administrative et à instaurer un modèle de développement fondé sur la bonne gouvernance et la justice sociale.

De son côté, Mohamed Néji, fonctionnaire, considère que l’Assemblée Nationale Constituante, les groupes parlementaires et la diversité partisane n’ont pas empêché la persistance d’une ambiance de désordre général en l’absence de politique appropriée d’intégration socioprofessionnelle, comparant les programmes électoraux à un “carnaval périodique” et à un “théâtre politique en plein air”, affirmant, toutefois, que cette réalité ne l’empêchera pas d’exercer son droit de vote.

Pour Safia, doctorante, la date du 26 octobre sera une occasion pour consacrer la pratique démocratique, concrétiser l’égalité entre les citoyens et recouvrer la dignité après de longues années de despotisme sous le régime du pouvoir unique.

Elle a fait part de sa conviction que les élections permettront d’instaurer un régime démocratique, de consacrer l’alternance pacifique au pouvoir et de renforcer la stabilité politique de manière à faire sortir la Tunisie des crises économiques et à relancer le rythme d’investissement dans le pays.

Jamila, ouvrière ne voit aucune utilité dans l’organisation de ces élections, estimant que les partis ne s’intéressent qu’au pouvoir et que les citoyens qui sont accablés par la pauvreté et par la détérioration des conditions de vie et de la situation sécuritaire, demeurent les derniers de leurs soucis.

Mohamed Jouili, spécialiste de sociologue politique a indiqué que les élections incitent les citoyens à participer à la dynamique du changement qui s’opère dans la société sur la voie du changement et du progrès.

“Réussir l’organisation d’élections libres et démocratiques permettra, a-t-il dit, de consolider la stabilité politique et de rétablir la confiance entre les citoyens et les acteurs politiques”.

De son côté, le professeur de droit constitutionnel, Kais Saied, a mis en garde contre le phénomène de réticence des tunisiens à s’inscrire sur les listes électorales, ce qui dénote, à son avis, d’une déception du rendement des politiciens. “Les partis politiques continuent, a-t-il dit, de tenir un discours politique que les citoyens rejettent et de faire des promesses qui ne peuvent être tenues”.