Tunisie élections 2014 : Les raisons qui ont poussé Ennahdha à délaisser la présidentielle

Par : Autres

Tout le monde sait que l’élection du président de la République au suffrage universel n’avait pas les faveurs du mouvement Ennahdha. Loin s’en faut. Le parti islamiste n’en voulait pas du tout. Pour des raisons idéologiques et, paraît-il, religieuses, selon une interprétation rigoriste. Puisque le premier responsable de l’Etat, selon la vision théocratique doit être choisi selon la procédure de la «Choura» (la consultation) qui, elle, ne rassemble pas tout le monde mais «Ahl al Hal wal Akd», c’est-à-dire l’élite des Ulémas.

Dans l’école Sunnite, c’est le «Morched El-Aalaa» (le Guide Suprême) qui est le chef incontestable. Dans la doctrine chiite actuellement en vigueur en Iran, c’est le «Velayet Al-Fakih» (le gouvernement du jurisconsulte) où le chef n’est pas un élu du peuple mais une autorité religieuse cooptée par l’assemblée de théocrates.

D’ailleurs, dans l’une et l’autre des écoles, on ne fait pas acte de candidature, la personne idoine étant choisie selon le système de l’élévation à la dignité par la désignation qui reçoit l’Ijmaa (l’unanimité) suivi de la Moubayaa (l’allégeance).

La bataille de la Chariaa

Si le parti islamiste s’était résolu, en fin de compte, à l’élection du président de la République au suffrage universel direct, c’était contraint et forcé. Il voulait un régime parlementaire pur, ce qui n’était pas contraire à sa doctrine. L’Assemblée des législateurs d’où émane le gouvernement profane est tout à fait licite, dans la mesure où tout provient de la Chariaa, le code des lois religieuses.

C’est d’ailleurs pour cette raison que la première bataille des islamistes fut celle de la Chariaa. D’ailleurs, ils estiment ne pas avoir perdu cette bataille. Ils n’ont fait que surseoir à son application par tactique. Le rapport des forces leur étant défavorable. Ils n’ont accepté le régime semi-parlementaire où le président de la République est élu au suffrage universel qu’au prix d’une limitation drastique de ses attributions.

A regarder de près, le chef de l’Etat est plus un symbole qu’autre chose, son rôle étant cantonné aux sphères militaire, diplomatique et de sécurité nationale, domaines qu’il partage du reste avec le chef du gouvernement.

Il était dit, dès lors, que ce parti fera tout pour que cette fonction supposée être la «magistrature suprême» soit entachée de toutes sortes de scories. Le désintérêt du parti islamiste à cette fonction dont il a presque toujours clamé qu’il n’enverrait aucun des siens pour y concourir était la marque du mépris pour le poste de premier magistrat du pays.

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