Très édifiant, ce tollé soulevé par l’arrestation de Azyz Amami, ingénieur de son état, lequel, d’après le rapport de police, était en possession de 0,17 gramme de hachich. Azyz Amami a prétendu, lui, que les agents de l’ordre lui ont posé un guet-apens parce qu’il avait défendu les «jeunes» qui ont incendié les postes de police, ce qui est franchement indéfendable.
Il aurait fallu qu’il accepte de passer le test de détection du hachich pour que nous sachions s’il est aussi «clean» qu’il le prétend!
Azyz Amami, arrêté en compagnie d’un ami à lui, a refusé de se soumettre au test de détection du hachich et a crié au harcèlement policier. Lui et tous ceux qui l’ont soutenu l’on positionné et se sont positionnés au dessus des lois en vigueur. Celles appliquées sur ces dizaines de milliers jeunes Tunisiens ordinaires, issus de familles ordinaires qui, eux, ont été sanctionnés par la loi et ont dû passer des mois en prison et s’acquitter de leur «Vespa» (mille dinars d’amende soit le prix de la moto).
Cette loi promulguée du temps de Ben Ali est arbitraire parce qu’elle a institutionnalisé une peine trop lourde à cause d’un joint fumé par un jeune ou une jeune en quête de sensations fortes. Elle aurait dû consister dans un premier temps en une sanction autre. Celle d’intérêt public, comme travailler bénévolement dans des hospices pendant trois ou 6 mois, nettoyer les places et les jardins publics ou encore être intégrés dans des camps de lutte contre la désertification.
Ces jeunes, si addiction réelle existe, auraient pu être accompagnés par des thérapeutes dont le rôle aurait été de les encadrer et de superviser leurs cures de désintoxication. Ca les aurait rendus plus disciplinés, leur aurait appris la valeur travail et surtout ne les aurait pas mis face à des criminels ou des repris de justice dans des prisons que nous ne pouvons pas décrire comme étant les mieux nanties!
Pour cela, il aurait fallu légiférer. Pour que ce soit une loi qui abroge une autre et non les campagnes des militants de dernière heure sur les plateaux télévisés et radiophoniques ou la mobilisation des disciples des Azyz Amami et autres. Disciples qui ont réussi par force de lobbyings et de pression de toute part non seulement à en faire un héro national mais pousser le chef du gouvernement à le traiter de “sympathique“. Nous devrions peut-être dès à présent relâcher tous ces jeunes non moins sympathiques qui ont fumé des joints. Au moins, sur ce plan là, justice aurait été faite pour tout le monde!
Ce que nous avons vu ces dernières semaines sur les différents plateaux était rocambolesque, on y a vu les fervents défenseurs faire l’apologie de la «zatla» avec force arguments tels ceux rappelant que dans certains pays d’Europe, sa consommation est permise. Il aurait peut-être fallu se comparer aussi à ces pays pour ce qui est du civisme, de la suprématie de la loi et de son application sur toutes et tous sans distinction aucune, et y rappeler la force des institutions et le développement socioéconomique et social. Mais quand il s’agit des Amami et leurs compères, les donnes changent.
Du temps de Ben Ali, il y avait les familles Trabelsi/Ben Ali, celles des amis et des alliés. Aujourd’hui, il y a de nombreuses familles: celles des anciens militants qui revendiquent le droit à être récompensés pour leurs «sacrifices» du temps de la dictature, celles des amnistiés terroristes et celles de nombre de jeunes apprentis droit-hommistes, politiciens de dernière heure pour ne pas dire anarchistes qui invoquent à tout bout de champ les exactions et les outrances policières et qui défendent des libertés tous azimuts.
Pendant ce temps, nos vénérables juges, très patriotes, ont devant eux nombre de dossiers de personnalités ayant opéré dans les secteurs publics et privés, et les prive d’un droit élémentaire: celui de la liberté de circulation. Le chef du gouvernement pourrait aussi traiter ces créateurs de richesses de sympathiques. Comme cela, ils pourraient reprendre leurs destinées en main et réintégrer la dynamique économique, au moins la Tunisie en profiterait. Mais cela n’est évidemment pas le cas.
Pour résumer, dans la Tunisie d’hier et d’aujourd’hui, nous sommes passés de l’Etat de l’abus du Droit à l’Etat du non Droit. Vive la Révolution 2.0!