«Cinq principales mesures relatives à la politique monétaire tunisienne ont été décidées, mercredi, par le conseil d’administration de la Banque Centrale de Tunisie», a annoncé M. Mohamed Rekik, vice gouverneur de la BCT, lors d’une conférence de presse organisée, jeudi, à Tunis.
Primo, la BCT a décidé de relever le taux directeur de 4% à 4,5% et de rétablir un corridor symétrique de plus ou moins 0,25% autour du taux directeur. Il s’agit, selon l’institut d’émission ” d’un ajustement technique dont l’objectif principal est d’émettre un signal clair aux marchés et aux banques sur le fait que la BCT suit attentivement l’évolution de l’inflation et qu’elle agit en conséquence pour mieux la maîtriser, sans pour autant que cette action ait un effet significatif sur les taux interbancaires et par conséquant sur le TMM”. Secondo, elle a opté à la réduction du taux de la réserve obligatoire de 2% à 1% et au réaménagement de son assiette de calcul. M. Rekik a précisé que «ceci, permettra de soulager les problèmes de liquidité des banques et de réduire en conséquence leur recours au refinancement de la BCT».
Tertio, la BCT a approuvé la décision de relèvement du taux minimum de rémunération de l’épargne (TRE) de 2,75% à 3,25%. Cette mesure qui va être appliquée à partir du 1er janvier 2014, devrait stimuler davantage l’épargne des ménages, et partant impulser l’épargne nationale, en forte baisse, depuis la révolution. Elle se situe, actuellement, au niveau de 15% du PIB.
Quarto, l’institut d’émission a introduit un nouvel instrument de politique monétaire, à savoir “le swap de change”, consistant en l’échange entre la BCT et les banques de la place, de ressources en devises contre des ressources en dinars. La finalité étant, selon le vice gouverneur de la BCT, de favoriser l’augmentation des montants en devises disponibles à la BCT.
Quinto, l’institut d’émission a décidé d’introduire des nouvelles règles de renforcement du provisionnement des banques, pour couvrir les risques sur les créances compromises dont l’ancienneté est supérieure ou égale à 3 ans.
Les objectifs de cette réforme réglementaire consistent d’une part, à consolider la solidité financière des banques tunisiennes, en améliorant le taux de couverture des créances classées par les provisions pour atteindre des niveaux comparables aux pays similaires. Elle vise, d’autre part, à inciter les banques à maîtriser leurs risques, en basant la décision d’octroi du crédit sur l’évaluation des risques inhérents aux projets financés et à la solvabilité de leurs clients, plutôt que sur les garanties.
Dans ce contexte, M. Rekik a expliqué que “les actifs classés des banques, dont le montant s’élève à 8 milliards de dinars, est faiblement couvert par les provisions, ce qui engendre une situation de blocage. Dès lors, les provisions additionnelles seront fixées à 40% du montant du crédit, si l’ancienneté de la créance dépasse les 3 ans, à 70% si le crédit date de 6 à 7 ans, et à 100%, s’il remonte à plus de 8 ans”.