Documentaire “La mémoire noire, témoignages contre l’oubli” ou de la torture du temps de Bourguiba

Le documentaire “La mémoire noire, témoignages contre l’Oubli” de Hichem Ben Ammar qui met en scène des témoignages sur des cas de torture, a été présenté, en avant-première tunisienne, le 7 décembre au cinéma le Mondial à Tunis. Ont assisté à la projection des artistes, des hommes de culture, des activistes et des journalistes.

Dans ce travail, produit par “5/5 Productions” (Tunisie) avec le concours du Mémorial de l’ancienne prison de la STASI à Berlin et le soutien du ministère allemand des affaires étrangères, Le réalisateur a choisi 4 témoignages d’investigation sur l’histoire de la torture en Tunisie en zoomant sur le mouvement de gauche “Perspectives” crée à Paris en 1963 durant la présidence de Habib Bourguiba. Il s’agit de Hachemi Troudi, analyste et journaliste auteur d’un ouvrage sur le mouvement “Perspectives”. Il a été emprisonné de mars 1968 à janvier 1970, puis de mars 1973 à août 1979. Les déclarations de cet homme invitent à la méditation sur les conditions du pardon.

Ezzedine Hazgui, éditeur, a été l’un des éléments des mouvements protestataires contre l’arbitraire, de Bourguiba à Ben Ali. Emprisonné de mars 1968 à janvier 1970, puis de novembre 1973 à avril 1979, il se définit comme un irréductible opposant.

Le troisième intervenant est Fethi Ben Haj Yahia, pédagogue et auteur de “El Habs kadheb” (la gamelle et le couffin) qui a été l’un des leaders de la seconde génération de “Perspectives”. Emprisonné de mars 1975 à juin 1980, cet homme explique le rapport complexe entre les tortionnaires et les victimes.

La dernière mémoire est celle de Simone Lelouche, où elle évoque le parcours de son époux décédé suite à un accident de voiture Ahmed Ben Othmane, leader de “Perpectives” et membre fondateur, en 1981, de la section tunisienne d’Amnesty Internationl. Cette fervente militante des droits de l’homme avait été expulsée de Tunisie et condamnée par contumace en 1972.

“Ce film veut participer à la justice transitionnelle où les intervenants parlent de la reconnaissance de ces crimes comme une condition indispensable pour toute réconciliation et thérapie de la société tunisienne” explique son réalisateur. Ce travail, selon Hichem Ben Ammar, constitue le premier volet d’une série de documentaires qui s’intéresseront à des groupes politiques différents.