Le diagnostic de la réalité de l’appareil de justice et du paysage médiatique et les voies possibles pour les réformer, ont retenu l’attention des participants au symposium qui a eu lieu vendredi sur « Les institutions de l’Etat à l’épreuve de la révolution ».
Côté évaluation de la réalité du système judiciaire, les communications présentées ont porté sur des volets comme « L’instance provisoire de l’ordre judiciaire, entre les attentes et les contraintes », « l’indépendance de la justice: Vers où va-t-on? », « les enjeux de la réforme de la justice administrative et les exigences de la révolution », ou encore « Les attributs de l’indépendance du pouvoir judiciaire ». Nombre de conférenciers et participants au débat ont critiqué « les tentatives répétées de main mise du pouvoir exécutif sur les principaux rouages de l’appareil judiciaire dans le but de le domestiquer et de soudoyer les juges ».
Pour la porte-parole de l’instance provisoire de l’ordre judiciaire, la mise en place de l’instance fut un évènement marquant pour les magistrats en leur offrant un espace inédit de pratique de la démocratie. Les membres de cette instance avaient été élus à l’abri de toute hégémonie du pouvoir de tutelle, en l’occurrence le ministère de la Justice, a-t-elle rappelé, faisant état, par contre, de l’offensive menée contre l’instance par l’actuel titulaire du portefeuille au point de la qualifier de corps étranger au système judiciaire.
De son côté, la présidente du Syndicat des magistrats tunisiens, Raoudha Labidi, a indiqué de son côté qu’avant la révolution, les juges constituaient un simple organe du pouvoir judiciaire. C’est que, a-t-elle dit, la Constitution du 1e juin 1959 n’a pas fait mention de la magistrature comme pouvoir indépendant, se bornant à utiliser l’expression « les magistrats sont indépendants ».
Bien que l’indépendance de la justice fut une revendication récurrente depuis le début de la révolution, a-t-elle déploré, les gouvernements qui se sont succédé après janvier 2011 ne se sont nullement préoccupés de l’appareil judiciaire qui a pourtant subi de nombreuses agressions, avec maints cas de juges brutalisés, de maisons de magistrats attaquées et incendiées et des tribunaux vandalisés.
« Rien n’a changé avec le gouvernement légitime qui a continué d’user des mêmes procédés que Ben Ali », a-t-elle encore regretté. De son côté, le représentant de l’Union des juges administratifs, Rafii Achour, a passé en revue les enjeux de la réforme de la justice administrative face aux exigences de la révolution.
Estimant que le Tribunal administratif ne doit pas être exclu du processus révolutionnaire de la réforme, il a reproché à l’Assemblée nationale constituante de ne pas avoir tenu ses promesses pour ce qui de la nécessaire réforme du système judiciaire, y compris la refonte des lois relatives à la restructuration du Tribunal administratif. Il a aussi fait état de la persistance de la politique des nominations au Conseil supérieur de la magistrature du Tribunal administratif. La rencontre est organisée à l’initiative de l’Association tunisienne de transparence financière.