Noureddine Hached : L’Etat français a assassiné Farhat Hached

« L’Etat français a assassiné Farhat Hached et la Main rouge a été utilisée comme une couverture pour un crime d’Etat » a affirmé jeudi, son fils Noureddine Hached.

Dans une déclaration exclusive à l’Agence TAP, Noureddine Hached, a précisé que l’organisation criminelle nommée « la Main rouge » à laquelle on attribuait depuis plus de 60 ans, la responsabilité de l’assassinat du leader syndicaliste, n’est en réalité « qu’une couverture pour les commanditaires de cet acte parmi les responsables de l’Etat français ainsi que pour les exécutants qui appartenaient aux services de renseignement militaire français ».

Preuve à l’appui, le fils du leader Hached s’est prévalu d’une fiche d’information délivrée par le président français François Hollande lors de sa visite en Tunisie, les 4 et 5 juillet 2013.

Ce document dont l’Agence TAP a obtenu une copie montre, formellement, qu’un commando, était venu spécialement de France, pour prendre en filature Farhat Hached et établir un rapport sur ses déplacements et le remettre aux autorités françaises.

Datant du 3 décembre 1952, soit deux jours avant l’assassinat, le document révèle que ce commando avait repéré le domicile du martyr Farhat Hached, ses déplacements entre sa maison située à Bir Tarraz dans la banlieue de Radès et la rue des Salines au centre de Tunis, identifié la plaque d’immatriculation de sa voiture personnelle et les voitures qu’il empruntaient ainsi que les noms des personnes qu’il fréquentaient souvent.

Le document comprend également des indications détaillées sur le lieu de résidence de Farhat Hached et précise que « dans le choix de son habitation privée, Farhat Hached (a) recherché un quartier retiré et essentiellement arabe où un européen est vite repéré, se montre très peu à Radès et ne rejoint son domicile qu’à la nuit, assez tard ».

La fiche détaille, aussi, les déplacements de Farhat Hached, précisant qu’il passait la nuit à la Rue des Salines à Tunis chez le commerçant Mokkadem où fut signée la motion de vote de l’indépendance (Août 1952).

Noureddine Hached considère que le commando en question appartient aux services de renseignement militaire français dès lors que « leurs investigations sont menées sous les ordres du ministre de la Défense lequel est placé sous l’autorité du Premier ministre». Pour Noureddine Hached, ce document est « une découverte surprenante et inattendue » dans la mesure où « les Français ont réussi durant des décennies à éloigner tout soupçon de l’Etat français » et à intenter l’accusation de l’assassinat contre « la Main rouge ».

Les Français ont réussi également, a-t-il ajouté, à détourner l’attention quant à la responsabilité de la police française et du résident général de France en Tunisie Jean de Hauteclocque, en sacrifiant plusieurs noms présentés comme principaux coupables de l’assassinat.

Le fils du Leader syndicaliste a précisé que les autorités françaises « ont, également, réussi à occulter leur responsabilité directe dans l’assassinat de Farhat Hached par crainte des conséquences de cet acte sur le plan international et des réactions de plusieurs pays à l’instar des Etats-Unis d’Amérique ». Noureddine Hached s’est dit persuadé que les autorités françaises continuent à dissimuler d’autres documents relatifs à la décision de l’assassinat et aux ordres de missions signés par les hautes instances politiques françaises de l’époque relatifs à cette affaire.

Il a affirmé, que la remise de ce document ne l’empêchera pas de réclamer toute la vérité sur les circonstances de l’assassinat que cachent les archives françaises. Noureddine Hached a encore précisé que les documents qu’il a reçus du président français François Hollande et ceux qu’il a pu obtenir par ses propres moyens, seront diffusés sur le site officiel de la Fondation Farhat Hached dont l’annonce officielle sera faite le 5 décembre prochain à l’occasion du 61è anniversaire du martyre du leader syndicaliste tué à bout portant, en 1952.