Plusieurs tunisiens qui ont encore les réflexes bien normaux, après deux ans de délabrement massif de nos méninges en s’abstenant d’aller jeter beaucoup d’argent pour le mouton de l’Aïd, se sont convaincus et convaincs leurs enfants de se régaler le jour J d’un max de «méchouis» et de «kebda» et éventuellement d’autres «Osban» en achetant de la viande chez leur boucher , à 22 DT le Kilo quand même.
Bravo pour ceux de nos concitoyens qui se sont rappelés que le «sacrifice» n’est qu’une «sonna» et qu’ils ne sont pas obligés de se sacrifier au lieu de sacrifier un mouton comme notre ancêtre Abraham l’a fait il y a quelques siècles.
L’atmosphère délétère qui règne dans le pays, l’absence de règles et l’appât du gain, conjugué à d’autres facteurs bien réels que nous ne pouvons nier concernant la hausse des prix dans l’agriculture et l’élevage, tout ceci conjugué, ont fait que les prix des moutons varient entre 400 DT et 1.000 DT.
Pour le citoyen moyen qui gagne en moyenne 500 DT, c’est énorme; pour les citoyens qui ne gagnent que le SMIG ou moins encore dans les secteurs déstructurés, c’est même impossible.
Plusieurs voix se sont élevées demandant au Mufti de la République de prononcer une fatwa exceptionnelle afin d’instaurer un moratoire d’une année à 3 ans sans sacrifices de mouton. Feu le Roi Hassan II l’avait fait au Maroc, avec l’autorité religieuse qu’il a dans son royaume, ça a permis au Maroc de dépasser deux ans de sécheresse difficile. Nous, nous voulons nous insurger contre la hausse des prix. C’est un crime que les Tunisiens subissent déjà quotidiennement dans leur consommation essentielle, alors pour ce qui est du secondaire ou du superflu, il aurait fallu y penser. Mais d’un autre côté, a-t-on vraiment besoin du Mufti pour ce genre d’attitude somme toute encouragée par l’esprit même de la Charia dans pareille situation puisque le sacrifice n’est qu’une Sonna?
En y regardant de plus près, nous trouvons une tare chez nos concitoyens qui les fait courir dès qu’une denrée est chère ou rare. Ceci se vérifie tous les ans au mois de Ramadan et aussi à l’occasion de l’Aïd el Kebir. Ce sont en plus les plus démunis qui courent derrière ses traditions onéreuses qui n’ont que peu lien avec la vraie foi.
Les dépenses du Mouled, les dépenses de Ramadan, celles de l’Aïd Seghir, celles du mouton… tout ceci pour compenser un sentiment de culpabilité profonde sur le reste des exigences de la croyance, beaucoup plus importantes et moins onéreuses d’ailleurs! Nous en avons eu la preuve cette année avec toutes ces histoires de magouilles pour le Hajj! Comment se laisser aller à se faire piéger par des escrocs rien que pour aller à la Mecque et d’une façon frauduleuse? De quel hajj parle-t-on alors?
Là encore, notre culture a besoin d’une révolution profonde!