Conférence de presse du ministre de l’intérieur : L’extrémisme religieux a divisé les Tunisiens

« Lorsqu’un pays est frappé par le terrorisme, tous ses citoyens resserrent leur rang, sauf en Tunisie où le terrorisme divise » a regretté, dimanche soir, le ministre de l’Intérieur, Lotfi Ben Jeddou.

Dans une conférence de presse, le ministre a appelé les Tunisiens à la cohésion autour des forces de l’ordre et de l’armée pour faire face au terrorisme et exhorté les partis et les organisations à s’unir dans la lutte contre ce phénomène.

Présentant le bilan des interventions des unités spécialisées et des brigades anti-terrorisme, menées pendant le week-end, le ministre a indiqué que grâce aux renseignements, ces opérations ont abouti à l’arrestation de plusieurs terroristes dont un impliqué dans l’assassinat du dirigeant politique Chokri Belaid.

Il s’agit de Ezzeddine Abdellaoui, capturé dimanche à l’aube lors d’une descente à El Ouardia (banlieue de Tunis) et connu pour avoir été un activiste d’Ansar Al-Charia. Ce dernier a révélé son implication dans l’assassinat de Chokri Belaid, a indiqué Ben Jeddou.

“On ne peut à l’heure actuelle accuser une partie bien déterminée”, souligne Ben Jeddou

Lotfi Ben Jeddou ajoute: «L’enquête se poursuit et les personnes arrêtées sont mises en examen.On ne peut à l’heure actuelle accuser une partie bien déterminée ni établir à quelle mouvance appartiennent les terroristes arrêtés samedi et dimanche à Sousse, à El Ouardia et à Ben Guerdane».«On ne peut non plus accuser Ansar al-charia sur la base d’une simple présomption», a ajouté le ministre.

Les personnes impliquées dans les assassinats et dans l’introduction sur le territoire d’armes sont des extrémistes religieux dont certains font partie d’Ansar Al- Chariaa, a dit Ben Jeddou, toutefois le ministère ne dispose pas d’informations sur un éventuel lien entre Al-Qaida et Ansar al-charia, a-t-il ajouté. «Classer ce courant comme une organisation terroriste relève de la compétence du gouvernement et non du ministère de l’Intérieur», a-t-il soutenu.

Ben Jeddou a affirmé également l’existence d’une liste de personnalités nationales (politiques et hommes de médias) visées par des assassinats. Les forces de sécurité n’ont pas encore déterminé leur identité, a-t-il précisé, soulignant l’importance de créer une agence nationale de renseignements.

Il a, par ailleurs, salué les efforts des différents corps sécuritaires dans la lutte contre le terrorisme, en particulier ceux de la direction des renseignements. Evoquant les incidents de Chaambi, le ministre a relevé que certains des terroristes qui y sont retranchés sont impliqués dans les évènements de Soliman et ayant bénéficié de l’amnistie générale.

Ils ont formé une phalange baptisée «Katiba Okba Ben Nafaa» et proclamé leur allégeance à Al- Qaida, a-t-il ajouté. Sur un autre plan, Ben Jeddou a démenti l’existence d’une police parallèle, récusant toute campagne visant à semer le doute et à saper le moral des forces de sécurité et de leurs dirigeants, soulignant l’importance de tenir l’appareil sécuritaire loin des tiraillements politiques.