Le mois de Ramadan est pour de nombreux jeunes chômeurs tunisiens et femmes au foyer l’occasion à saisir, pour gagner de l’argent à travers des petits métiers provisoires, mais, relativement rentables.
Ces petits commerces informels, tels que la vente de pâtisseries préparées à domicile et d’autres produits alimentaires très prisés durant ce mois saint (malsouka, citronnade ), sont fréquents, notamment, aux entrées des marchés et dans les rues de la capitale et des quartiers populaires.
Sur les rues des quartiers populaires du Grand Tunis, tels que Omrane supérieur, Mnihla, et Cité Ettahrir, des personnes d’apparence pauvre, continuent, parfois, jusqu’à des heures tardives de la nuit, à pousser leurs charrettes qui se transforment, la nuit, en “restaurants ambulants”, servant des sandwiches et des citronnades avant le “shour” (repas pris à la fin de la nuit avant la prière de l’aube).
Durant la journée, ces commerçants errants vendent d’autres produits comme des épices et des feuilles de malsouka (feuilles à base de pâte alimentaire que les Tunisiens farcient au choix).
La TAP a recueilli les témoignages de ces vendeurs à la sauvette qui gagnent péniblement leur maigre subsistance en vendant des produits qu’ils préparent, la plupart du temps, eux-mêmes.
Marouene, un jeune homme de 30 ans, a pris place au jardin public à la Cité Ettahrir où il a installé son vieux chariot sur lequel sont étalés des ufs, des saucisses, des petits pains et de l’Harissa, de quoi faire des sandwichs la nuit.
Le travail au noir, seule source de revenu pour les catégories démunies —————————————————–
“Je prépare et vends des sandwichs, des saucisses grillées et des ufs durs, qui sont très consommés avant le repas du “shour”. C’est ma seule source de revenu et le seul métier que j’exerce, depuis 11 ans”, a affirmé Marouene.
Le jeune homme a du être emprisonné quatre fois pour “implantation anarchique”.
“Je veux obtenir une autorisation pour que je puisse travailler tranquille et sans problème”, a-t-il espéré.
Dans une situation relativement meilleure, Karim, étudiant de 22 ans, saisit toutes les occasions et les fêtes de l’année pour travailler comme marchand ambulant et gagner de l’argent.
“Ma famille est pauvre, je dois travailler pour aider mes parents et mes frangins. Au mois de Ramadan je vends des citronnades fraîches que je prépare à domicile”, a-t-il dit.
A la cité El Omrane supérieur, avant quelques heures de la rupture de jeun, Karim installe sa table sur le trottoir et y met le grand pot plein de cubes de glace puis glisse les bouteilles de citronnade dans le récipient pour préserver leur fraîcheur.
Au marché central de Tunis, au centre-ville, la forte présence des marchands ambulants est remarquable.
Ceux-ci vendent, généralement, des épices et des pâtes alimentaires préparées à la main, dont certaines sont typiquement tunisiennes (nwasser, hlelem ).
Le phénomène n’étonne pas Abdelkarim Ben Chedly, épicier depuis longtemps!
“Généralement, les Tunisiens consomment plus de produits alimentaires au mois de Ramadan, surtout les feuilles de Malsouka, dont les quantités vendues pourraient atteindre les 3600 unités par jour contre 1800 unités vendues quotidiennement, en temps normal”.
Un autre marchand ambulant de 74 ans, Abderahmane Jawadi qui tire son revenu, malgré son âge, de son petit étal de paquets de cigarettes et de sachets en plastique, reconnaît que le mois de ramadan est une occasion pour lui pour changer de vocation et améliorer ces revenus.
“Durant ce mois (ramadan), la vente des feuilles de Malsouka, me permet de gagner un peu plus, mais sans sortir de ma situation….misérable”, regrette-t- il.
Et d’ajouter “cet étal ne peut être une source de revenu, mais ça reste toujours mieux que de rester inactif”.