Tunisie : Les nominations selon l’appartenance politique font craigner la dégradation du service public

Le président de l’Union tunisienne du service public et de la neutralité de l’administration (UTSPNA), Abdelkader Labbaoui a affirmé que les nominations opérées au sein des ministères et des services publics et publiées au Jort sont au nombre de 1197 nominations s’appuyant, en grande partie, sur la base de « l’appartenance partisane, familiale ou l’allégeance politique ». « Ces nominations ne se fondent pas sur les critères de compétence.

Elles font craigner la dégradation du service public qui a montré sa capacité à assurer la pérennité de l’Etat après la révolution », a-t-il dit lors d’une conférence de presse tenue jeudi à Tunis.

D’après lui, la Troïka au pouvoir a procédé à la désignation de ses représentants, ayant échoué aux dernières élections, au sein des institutions de l’Etat, des cabinets ministériels et à la tête des établissements publics.

De même, a-t-il ajouté, des gouverneurs ont été révoqués et remplacés par des représentants des partis de la Troïka et des promotions internes et non publiques ont été accordées.

Pour Abdelkader Labbaoui, la neutralité du cabinet ministériel est plus importante que la neutralité du ministre lui-même. « Il est impératif de créer des structures garantissant la neutralité du service public. Il s’agit, également, d’associer la société civile à la création d’une commission indépendante qui fixe les critères permettant de revoir les nominations », a-t-il suggéré.

De son côté, le porte-parole officiel de l’UTSPNA, Moez Mokaddem a averti que les tentatives de mettre la main sur tous les rouages de l’Etat auraient des impacts évidents sur les prochaines échéances électorales.

« La majorité des nominations effectuées favorisent la dilapidation des fonds publics, les conflits d’intérêt ou sont des désignations directes non conformes à la loi de la fonction publique », a- t-il prévenu. Pour sa part, le secrétaire général adjoint du bureau constitutif de l’UTSPNA, Ahmed Souab a estimé que la neutralité du ministère de l’Intérieur « suppose que le gouverneur soit neutre », d’autant, a-t-il argumenté, que cette fonction est principalement administrative et non politique.

« Les nominations aux postes d’ambassadeur, de consul et de consul général doivent s’appuyer sur les critères de professionnalisme et revenir au personnel du département », a insisté le secrétaire général du syndicat des agents du ministère des affaires étrangères Hamed Ben Brahim.

Le pourcentage des agents qui ne font pas partie du corps diplomatique s’élève à 65% de l’ensemble du personnel, a-t-il révélé, estimant que certaines nominations décidées sur la base de quotas politiques pourraient « provoquer de catastrophes diplomatiques ».