Tunisie – Société – Salafisme – Culture : Alerte rouge

Ce que vit aujourd’hui la Tunisie, est cauchemardesque qui, plus est, est défendu par les différents représentants gouvernementaux, allant du ministre des Affaires religieuses au ministre de la Culture en passant par le porte-parole du gouvernement, Samir Dilou, sans oublier le père spirituel d’Ennahdha –mouvement politique qui, décidément, ne porte pas du tout son nom-, Rached Ghannouchi. Car, Ennahdha (renaissance en français) rimait à une certaine époque avec le développement des arts et de la créativité.

Alors tout acte de créativité est devenu provoquant, le ministère de la Culture, sensé défendre les artistes, s’est dissocié de l’exposition “Le printemps des Arts” et est allé plus loin dans sa volonté de satisfaire les salafistes en fermant “Al Ibdillia”. Il y a un tableau où il est dit “Culture is dead”. Oui, Monsieur le ministre, la culture est en train d’agoniser dans notre pays et vous êtes complice dans son assassinat car vous ne faites rien pour la défendre à part vous insurger contre ceux qui provoquent. Alors peindre un salafiste avec une tête de vampire est provoquant?

Et puis, depuis quand les salafistes envahissent les salles d’exposition réservées généralement aux férus et habitués des arts plastiques?

Le chef ou les chefs d’orchestre se rendent-ils au moins compte que -comme Al Qaïda s’est retournée contre sa créatrice, la Toute puissante Amérique- ils risquent de voir leur créature se retourner contre eux?

Avant que l’Afghanistan ne devienne le désert qu’il est aujourd’hui, on s’était attaqué à des vestiges bouddhistes millénaires: on avait, à l’époque, laissé faire pour ne pas provoquer les talibans. Il paraît que par la volonté de certains joueurs nationaux et internationaux, chaque pays a aujourd’hui ses talibans…

Quand est-ce qu’on interdira aux femmes tunisiennes non voilées de circuler pour ne pas provoquer les salafistes et aux médecins hommes de ne plus examiner les femmes pour ne pas provoquer les salafistes? Quand est-ce qu’on interdira le travail des femmes pour respecter les salafistes et la télévision pour ne pas provoquer les salafistes? Quand est-ce que les salafistes décideront que la musique est haram et les provoque, que le théâtre national doit être transformé en une école coranique et que nous devons interdire la mixité dans les établissements scolaires et universitaires?

Monsieur Dilou, Monsieur Gahnnouchi et Co, vous qui êtes si compréhensifs envers les salafistes, vos enfants avec lesquels vous voulez établir un dialogue, vous pourriez peut-être rétablir le dialogue avec tous les tunisiens qui n’ont pas les mains sales, ils sont aussi les enfants du pays, ou essayer de discuter avec les jeunes appartenant à des sectes, ce sont aussi les enfants perdus de la Tunisie et portent la nationalité tunisienne???

Vous pourriez tout aussi bien tenir les troupes de salafistes qui sortent de l’ombre à chaque fois que le pays va mal ou que l’ont veut faire passer une loi ou une résolution à la Constituante. Car le gouvernement ne peut pas faire croire au peuple qu’il est incapable de tenir une horde de bandits ou des salafistes et les empêcher de détruire le pays.

Sauf si l’on veut faire croire que ce sont les symboles de l’ancien régime qui s’adonnent au vandalisme et à la violence pour que la loi interdisant aux destouriens de se présenter aux prochaines élections passe haut la main.

Qui a dit que la politique est propre… même si elle est pratiquée par ceux «qui craignent Dieu».

A.B.A

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