Le gendre de Rached Ghannouchi, d’Al Jazeera aux Affaires étrangères!

«Le Qatar nous a soulagé d’un gendre et nous en a envoyé un autre», a ironiquement commenté une mère de famille à propos de la désignation de Rafik  Abdessalam, gendre de Rached Ghannouchi, au poste de ministre des Affaires étrangères.

Un ministère de souveraineté, rappelons-le, et lequel, dans un monde meilleur, devrait être attribué à un diplomate de carrière, au vu et au su de toutes les données, tenants et aboutissants du terrain et de la réalité du pays. On nous parle des compétences de Monsieur Abdessalam. Seraient-elles extraordinaires à tel point que nul haut cadre au ministère des Affaires étrangères ou en Tunisie ne puissent les concurrencer?

Rafik Adessalam a également, et pendant longtemps, occupé le poste de directeur du Centre des études stratégiques d’Al Jazeera, la chaîne de télévision qatarie. Laquelle est considérée comme l’outil communicationnel servant les intérêts des Etats-Unis et d’Israël dans la région sous couvert d’expression libre, de critiques acerbes ou de couvertures médiatiques audacieuses. Ce qui n’empêche pas Al Jazeera de censurer ses reportages dans un sens qui plaise davantage aux Etats-Unis. En tout cas sur son site Web. C’est Wikileaks qui aurait révélé que suite à une rencontre avec des officiels américains (PAO), Wadah Khanfar, ancien directeur général de la chaîne, avait accepté de modifier un reportage photo sur la bataille sanglante de Tal Afar, en Iraq.

«Il est indéniable que tout haut responsable à la chaîne qatarie Al Jazeera doive avoir l’aval des Etats-Unis, l’allié le plus précieux de la principauté dans le Golfe et un donateur d’ordre, si l’on veut. Les Qataris représentent le vecteur d’information le plus précieux dans le monde arabe grâce à Al Jazeera».

Si cette thèse se vérifie, nul doute que Rafik Abdessalam, avec tous ses diplômes, a vu sa nomination, en tant que directeur du Centre des études stratégiques d’Al Jazeera, ratifiée par les USA.

Le népotisme toujours d’actualité

La «révolution présumée» aurait-elle mis fin au népotisme? Il paraît bien que non et le hadith «Wal Akrabouna awla bil Maarouf» (Ce sont les plus proches qui méritent le plus notre charité) nous revient cette fois-ci et pas sous sa forme la plus noble, celle pensée et recommandée par le Prophète mais sous celle de la plus agressive et provocatrice. Car enfin, personne n’est dupe du fait que les Tunisiens ont souffert et souffrent encore du syndrome Pouvoir/famille. Gouverner, entouré des proches et des membres de la famille, n’est par conséquent pas la meilleure manière de gagner leur confiance. Même si M. Rafik Abdessalam est surdiplômé et est doué d’une clairvoyance et d’une intelligence inexistantes sur le sol tunisien. Pourquoi Ennahdha tient-elle autant à sa nomination en tant que ministre des Affaires étrangères, et pourquoi Ghannouchi et son cercle restreint de compagnons de «lutte» pèsent-ils autant dans le choix des hauts responsables qui vont gouverner notre pays?

Avec Rafik Abdessalam à la tête d’un des ministères de souveraineté, celui des Affaires étrangères en l’occurrence, et au vu des rapports privilégiés qui le lient au Qatar, pouvons-nous espérer une liberté d’action de nos représentations diplomatiques dès qu’il s’agit des intérêts qataris et ceux de leurs précieux alliés et protecteurs, les Etats-Unis?

Al Jazeera, pour ceux qui ne le sauraient pas, a été conçue par deux personnalités franco-israéliennes, les frères David et Jean Frydman, après l’assassinat de Yitzhak Rabin, dont ils étaient proches. Selon David Frydman [1], l’objectif était de créer un média où des Israéliens et des Arabes pourraient débattre librement, échanger des arguments, et apprendre à se connaître, alors que ceci était interdit par la situation de guerre et bloquait toute perspective de paix. Pour créer la chaîne, les frères Frydman bénéficièrent d’un concours de circonstances: la compagnie saoudienne Orbit avait conclu un accord avec la BBC pour créer un journal télévisé en arabe. Mais les exigences politiques de la monarchie absolue saoudienne se révélèrent vite incompatibles avec la liberté de travail des journalistes britanniques. L’accord fut résilié et la majorité des journalistes arabisants de la BBC se retrouva au chômage. Ils furent donc récupérés pour fonder Al Jazeera.

A.B.A