Le dirigeant et ancien numéro 2 du Mouvement Ennahdha Hamadi Jebali a annoncé jeudi avoir décidé de se retirer de l’organisation du mouvement et de se consacrer à une cause qu’il a dit considérer comme centrale, à savoir, « la défense des libertés, sur la voie du soutien permanent aux valeurs pour lesquelles la révolution s’était faite, en premier lieu faire respecter et appliquer la Constitution de la Tunisie nouvelle ».
Dans un statut mis en ligne sur sa page Facebook, Jebali a indiqué avoir fait le choix d’être « parmi les militants partisans de la voix pacifique graduelle de la révolution afin d’éviter tout dévoiement qui serait catastrophique pour le peuple tunisien, pour toute la région, voire pour le monde entier ».
Il a dit éprouver une grande difficulté à remplir cette mission dans le cadre de l’organisation du Mouvement Ennahdha afin que nul autre que lui n’ait à assumer les conséquences de ses positions, et aussi afin que lui- même n’ait « à subir les conséquences de décisions et choix organisationnels, politiques et stratégiques inhérents au positionnement du Mouvement dans la société », dans la mesure où il ne se reconnaît plus, selon lui, dans ces choix et leurs éventuels effets. L’ancien premier ministre de la Troïka a expliqué avoir pris cette décision « afin d’éviter toutes querelles ou autres accrochages qui pourraient fragiliser les rangs des militants et réduire à néant l’affection et les bonnes relations » avec ses « frères ».
Il a commencé son texte par évoquer « l’étape difficile et décisive de transition que connaît le pays et qui marque le passage du système de despotisme et de corruption à celui de la construction de l’Etat civil démocratique ».
Jebali a souligné que la réalisation de ce projet fut au coeur de son « engagement politique précoce » au sein du mouvement, au début des années 1970, et « jusqu’au triomphe de la Révolution qui a fait du mouvement un acteur clé dans la société ».
Ce projet, ajoute Hamadi Jebali, « est aujourd’hui confronté à des défis majeurs et à des risques de retour en arrière aux plans intérieur et extérieur au point de placer de nouveau le peuple face à une nouvelle épreuve: poursuivre le combat pour réaliser les maillons restants de cette révolution pacifique sur une voie difficile et de longue haleine ou se résigner au retour du système de despotisme et de corruption, synonyme d’espoir perdu pour toute notre jeunesse et de recours aux solutions de désespoir, de violence, d’extrémisme et de terrorisme ».