Qui est Margareth Thatcher ?

Une vie s’éteint, une légende s’éveille. La «Dame de fer» a tiré sa révérence, les néo conservateurs sont orphelins. Son héritage, idéologique s’entend, n’est pas facile à assumer.

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«Maggie» Thatcher est partie comme elle est arrivée, en politique, c’est-à-dire en soulevant des vagues. L’opinion britannique était divisée quant à la nécessité de funérailles nationales pour cette Churchill au féminin, qui a, autant que son illustre prédécesseur, servi la gloire de l’empire britannique. Cette icône du néo libéralisme était la “papesse“ de la financiarisation de l’économie et l’inspiratrice acharnée de la globalisation des marchés. Au vu du désastre économique du multilatéralisme, son héritage va-t-il lui survivre? Qui pourrait «l’humaniser» et le rectifier?

 Les «liaisons dangereuses» de la Dame de fer

On ne peut évoquer le souvenir de Margareth Thatcher sans penser à ses alliances «amicales». Ainsi qu’à ses rivalités, tout aussi nombreuses et tout aussi déterminées. Locataire du 10 Downing Street, cette «famous» résidence du Premier ministre britannique, elle a fait tandem avec «Buckingham Palace» au plus grand bénéfice de l’empire, lui redonnant un supplément d’aura. C’est sous son mandat que la city a repris le flambeau à Wall Street pour devenir une place financière planétaire. Tous ceux qui pensent que la femme est l’avenir de l’homme feraient bien de se pencher de près sur l’appétit de domination de «Maggie». La «Dame de fer» a exporté ses thèses néo libérales par-dessus l’Atlantique. Elle a ainsi converti le président Ronald Reagan au courant de pensées de la «vérité des prix». Et à son tour, l’Amérique a basculé vers les «Reaganomics» dont elle continue à subir les dégâts en matière d’injustice sociale.

La pensée unique porte encore son empreinte indélébile et le «politiquement correct» ne l’a jamais embarrassée. Les Argentins se sont opposés à elle lors de la guerre des Malouines, ces îles du large argentin que la GB a refusé de restituer. Elle a fini par les submerger et reconduire la souveraineté anglaise sur ces territoires.

Les mineurs anglais ont tenté un bras de fer contre elle, durant le rigoureux hiver 1983, mais elle a fini par les envoyer par le fonds comme elle a envoyé les Argentins par-dessus bord sans rien céder à leurs revendications.

Mais il y a eu Viviane Forester pour mettre à l’index le Thatchérisme et les Reaganomics qu’elle a qualifiés, suivie en cela par toute l’intelligentsia engagée, «d’hérésies économiques». Et même si la globalisation a fini par contaminer le monde et arriver à ce que le néo libéralisme régente la planète, Viviane Forester aurait de loin inspiré le courant d’alter mondialisme, lequel remet en cause la mondialisation.

 La «Dame de fer», une «Dame de piques» contre l’Etat

On savait Ronald Reagan sans culture économique. Nourri à l’idéal du Thatchérisme, il a tout de même marqué les esprits par sa célèbre expression «l’Etat n’est pas la solution mais le problème». C’est le point culminant de la théorie néo classique. Le Thatchérisme, avec sa revendication du moins d’Etat, au profit d’un plus grand pouvoir pour le marché, nous a acculés à l’Etat minimal.

«Maggie» a été une redoutable «Killeuse» d’Etat. Suite à ses injonctions, on s’est appliqué de par le monde à évincer l’Etat du secteur productif, accélérant les privatisations. En Tunisie nous y avons succombé de manière très discutable, hélas. Merci la crise des «subprimes» pour nous avoir fait découvrir l’importance du rôle de l’Etat. Ce sont les Etats qui ont pris, sous leur aile, les entreprises privées menacées de risques de défaut. Merci encore la crise, de nous avoir fait découvrir l’importance des couvertures sociales publiques.

C’est peut-être aussi l’occasion de rendre un hommage nuancé au G20 qui s’emploie à lutter contre le pouvoir exorbitant du marché et qui veut séparer l’économie de marché des excès du libéralisme, pourrissant le capitalisme à l’extrême et refusant le principe du contrôle et de la supervision des structures de spéculation financière.

En ces temps où la Tunisie s’emploie à trouver son «nouveau modèle économique», il serait souhaitable qu’elle marque son trait d’exception en se démarquant le plus nettement possible des fondements économiques néo libéraux pour bâtir une économie sociale de marché nous réconciliant avec l’initiative privée et la justice sociale.

Article publié sur WMC

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