Le président du mouvement Ennahdha, Rached Ghannouchi, a souligné que l’accession au pouvoir de son mouvement et de la coalition ne signifie pas une mainmise sur le pouvoir comme l’avancent certaines parties, mais l’expression d’une volonté de construire un système de gouvernement en rupture avec le despotisme et garant de la cohésion sociale.
Le président d’Ennahdha s’exprimait à l’ouverture de la 2e Conférence internationale sur l’islam et la démocratie dont les travaux se sont ouverts, vendredi, à Gammarth, sur le thème: « La transition démocratique dans le monde arabe: la Tunisie en exemple ».
Des décennies d’affrontement entre laiques et islamistes avaient permis aux régimes dictatoriaux de se maintenir en place attisant les querelles entre les deux camps, ce qui a conduit le mouvement Ennahdha à uvrer dès son accession au pouvoir à éviter les conflits idéologiques en tant qu’obstacles à la transition démocratique, a fait remarquer Rached Ghannouchi.
Le mouvement Ennahdha, a-t-il ajouté, a privilégié d’emblée le débat politique car la politique peut conduire au consensus et à des concessions.
« Nous sommes très satisfaits de l’expérience tunisienne, des mois après l’avènement de la coalition laico-islamique », a dit Ghannouchi, qualifiant cette expérience d’ «exceptionnelle», mais admettant qu’elle ne fut pas exempte d’erreurs. Et d’ajouter: le mouvement Ennahdha dont les militants avaient souffert, des décennies durant, dans des prisons et en exil a démontré qu’il est le plus grand facteur de tolérance.
Les nahdhaouis ont refusé la logique de la vengeance contre leurs bourreaux et opté pour le recours à la justice transitionnelle, a-t-il affirmé, assurant que le printemps arabe ne se muera point en un automne fondamentaliste laïque ou islamique.
La Tunisie sous le premier et le second gouvernement de la Troika veillera toujours à préserver la loi et à sauvegarder les libertés, a assuré Ghannouchi.
De son côté, le secrétaire général du mouvement Nida Tounès, Taieb Baccouche, a déclaré que les divergences autour de certains concepts sont les principaux facteurs de tension et d’incompréhension sur la scène politique, citant la justice transitionnelle, l’islam politique, l’extrémisme, la justice, et les rapports entre laïques et islamistes.
Dans son allocution à l’ouverture de la conférence, le chef du gouvernement provisoire, Ali Larayedh, avait souligné que la révolution avait contribué à rétablir l’équilibre dans la relation de l’Etat avec la société, à renforcer les acquis en matière de libertés, à consolider le rôle de l’opinion publique et à consacrer les principes de l’alternance au pouvoir et de la primauté de la loi.
La révolution en Tunisie a réalisé plusieurs acquis dont le franchissement de l’obstacle de la peur par l’individu et la collectivité, a affirmé Larayedh considérant que la peur, si elle se transforme en culture, prépare le terrain au despotisme.
« La Tunisie est sous les feux des projecteurs du monde entier. La réussite de sa révolution confortera la confiance en l’aptitude des peuples arabes à la démocratie», a-t-il fait remarquer.
Etaient présents à la séance d’ouverture des membres du gouvernement, les députés de l’Assemblée nationale constituante et nombre de représentants de la société civile.
Les travaux de cette rencontre internationale organisée à l’initiative du Centre d’études Islam et Démocratie (CSID) se poursuivront pendant deux jours.