Le deuxième anniversaire de la Révolution tunisienne pointe du nez et l’humeur est loin d’être à la fête. L’inquiétude et la crispation se lisent sur les visages. Les difficultés d’un quotidien frappé par la crise, le chômage en hausse et l’endettement croissant du pays minent le moral du peuple et d’une grande partie de ses forces vives.
Pour marquer l’événement, 5 présidents étrangers sont invités, et le Moncef Marzouki a reçu tout le gratin politique national pour calmer les esprits, apaiser les tensions et tirer la énième sonnette d’alarme. Car politiquement, les choses se compliquent. Ennahdha au pouvoir domine de plus en plus et la Troïka est sous perfusion. L’opposition est minée de grosses tensions après les premières lueurs de coalition et d’alliance pour faire un front face au principal parti politique du pays.
L’engagement d’écrire la Constitution et de se diriger vers de nouvelles élections n’est pas tenu. Les nombreux effets d’annonce sur une feuille de route et une date pour les élections ne bernent plus grand monde dans le sillage d’un remaniement annoncé depuis juillet 2012, mais qui tarde à se concrétiser et qui a été promis pour le 14 janvier 2013.
Selon toute vraisemblance et à force d’attente, c’est la montagne qui accouchera d’une souris au vu du refus de certains partis politiques de renter dans le gouvernement.
Mais que changerait ce remaniement si les engagements pris ne sont pas respectés et les responsabilités de ces manquements ne sont pas assumés? Qu’apportera-t-il ce remaniement si à trop appeler au dialogue personne ne veut dialoguer?
Le pire ennemi de cette transition est le temps. Il est précieux car vital pour signer la fin d’une page ou mettre un point final à tout un processus démocratique.
Face à une situation économique qui pique du nez, une inflation à plus de 5,9% au cours du mois de décembre 2012, une austérité dans laquelle plonge la Tunisie, Ennahdha au pouvoir mène la valse. Chaque jour apporte son lot de nominations, de contradictions, de déclarations et de contre-déclarations. Les hommes acquis au parti sont aux commandes dans les régions, les gouvernorats, l’administration et le seront un peu plus tous les jours…
Les quelques écrous à dévisser pourront s’appuyer sur les Ligues de Protection de la Révolution qui font la garde et veillent sur le butin face à une opposition diluée, n’arrivant toujours pas à s’allier, à s’approprier la rue et à renouer pleinement et durablement le contact avec le peuple.
A force de lenteurs, de polémiques stériles et de petits calculs, elle se désavoue et déçoit. En boucle, les progressistes semblent convaincre –ou vouloir se convaincre– qu’Ennahdha bat de l’aile, malmenée par son bilan négatif de l’exercice du pouvoir, or celui-ci avance, se structure, se fortifie et reste solidaire bien que plusieurs courants le traversent.
Ennahdha se déploie dans les régions, les quartiers, les maisons, les rues via un maillage serré du pays reposant sur les associations, les mosquées, les militants mobilisés et sympathisants qui, bien que critiques, ne quitteront pas le giron du parti.
Par Amel Djait
Article publié sur WMC