Tunisie – Politique – Elections – Interview Jebali : Le respect de l’échéance de mars 2013, dépend de l’Assemblée Constituante

“Le respect de l’échéance des prochaines élections, prévue pour mars 2013, demeure tributaire de l’état d’avancement des travaux de l’Assemblée nationale constituante (ANC) et du parachèvement de la rédaction de la nouvelle constitution”, a avancé le chef du gouvernement provisoire, Hamadi Jebali.

Au cours d’un débat télévisé, diffusé, samedi soir, sur les chaînes nationales 1 et 2, Nessma et Hannibal, et repris par certaines stations radiophoniques, M. Jebali a indiqué que “le gouvernement s’engage à respecter cette échéance”, estimant que “le déroulement des élections en mars 2013 est possible, étant donné qu’une instance administrative, chargée de préparer au mieux ce scrutin, est d’ores et déjà opérationnelle”.

Il a fait savoir que “la prochaine instance nationale des élections sera plus indépendante que celle qui l’avait précédé (Instance supérieure indépendante pour les élections (ISIE)”.

Au sujet de la démission de l’ancien ministre des finances, M. Houcine Dimassi, le chef du gouvernement provisoire a annoncé que “Dimassi lui a fait part auparavant qu’il ne pouvait plus poursuivre son travail en raison de certains différends avec le conseil des ministres, s’agissant notamment de quatre dossiers, liés aux augmentations salariales, à l’accroissement des prix des hydrocarbures, au dossier des ouvriers des chantiers et à l’amnistie générale”.

En ce qui concerne le dédommagement des militants politiques, M. Jebali a relevé que les lois internationales stipulent la réparation des préjudices physiques et morales, et que la première décision prise après la révolution consistait à accorder le droit à tout bénéficiaire de l’amnistie générale d’accéder à l’indemnisation et de rejoindre son poste de travail, et ce, conformément aux dispositions du décret-loi n°1 relatif à l’amnistie générale.

“L’indemnisation ne profitera pas à un seul parti”, a- t-il dit, avant d’ajouter que la mobilisation des enveloppes nécessaires à cette fin est ouverte et n’est pas uniquement du ressort de l’Etat”.

S’agissant de la relation du Gouvernement avec l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), M. Jebali a fait observer que

“l’avenir de la Tunisie ne saurait être envisagé dans le cadre d’un conflit entre le gouvernement et la Centrale syndicale”,

indiquant que son gouvernement avait accueilli favorablement l’initiative de l’Organisation syndicale, “mais que des événements sont survenus pour paralyser le processus de dialogue engagé par le gouvernement”, exprimant la détermination de relancer ce processus.

Pour ce qui est des incidents qui ont eu au CHU Hédi Chaker à Sfax, le chef du Gouvernement provisoire a relevé que cet établissement “a été depuis quelques mois sous le contrôle d’un groupe de syndicalistes et d’autres personnes”, ce qui a entravé le bon déroulement de ses activités, ajoutant en substance : “Nous n’accepterons pas ces agissements illégaux et il est impératif d’appliquer la loi nonobstant l’appartenance des auteurs de ces agissements”.

En réponse à une question relative à l’intervention du gouvernement sur demande de l’UGTT pour la libération des interpellés, M. Hamadi Jebali a affirmé “que le gouvernement n’est pas intervenu et n’interviendra pas dans les affaires de la justice qui doit impérativement prendre son cours”. Il a, par ailleurs, annoncé qu’une commission neutre et indépendante sera mise sur pied pour examiner la véracité des informations faisant état de la torture de certains parmi les interpellés, indiquant que “dans le cas où ces informations venaient à être attestées, leurs auteurs seront sans nul doute sanctionnés”.

Sur un autre plan, M. Jebali a considéré les informations avancées dans le rapport du Fonds monétaire international (FMI), rendu public vendredi, “comme étant une preuve de la capacité de la Tunisie à réaliser un taux de croissance supérieur à 6% durant les années à venir”. Il a ajouté que le rapport est venu confirmer l’aptitude de la Tunisie à surmonter les obstacles économiques et à mettre en exécution des plans de développement “propres à faire sortir le pays de la stagnation et à l’aider à résorber le chômage”.

M. Jebali a rappelé que le nombre des sociétés confisqué a dépassé 116 entreprises, relevant la possibilité d’une éventuelle cession de certaines d’entre elles, tout en indiquant qu’une liste exhaustive de ces sociétés sera publiée prochainement.

Le chef du gouvernement a mis l’accent sur la nécessité de régler dans les meilleurs délais le dossier des hommes d’affaires interdits de voyager, en raison de son impact sur l’économie tunisienne, notamment en ce qui concerne la perte d’emplois. “Ces hommes d’affaires devraient reconnaître leurs erreurs et lancer des projets de développement dans les régions”, a-t-il recommandé.

Au sujet du dossiers des délégations spéciales, M. Jebali a fait savoir que bon nombre de délégations spéciales ont vu leurs activités “gelées” en raison de leur incapacité à honorer leurs engagements, compte tenu de leurs ressources limitées, ce qui a eu pour conséquences l’accumulation des déchets ménagers dans les rues.

“La situation actuelle est intolérable” et la responsabilité incombe aussi bien aux autorités qu’aux délégations spéciales et aux citoyens, a-t-il affirmé.

Après avoir nié l’enregistrement de cas de choléra, M. Jebali a abordé les ruptures d’approvisionnement en électricité et en eaux potable dans certaines régions, les imputant à des erreurs purement technique, dont en particulier la panne de trois centrales électriques, le 9 juillet dernier, en contrepartie de la hausse de la consommation d’électricité à cause de la vague de chaleur. Une enquête sera ouverte pour déterminer les causes de cette crise, annonçant l’aménagement prochain de nouveaux barrages et de réservoirs pour consolider la capacité de production d’eau.

WMC/TAP