La rage en Tunisie : 10 décès en 2024, pourquoi l’abattage des chiens errants est-il inefficace ?

En 2024, la Tunisie a enregistré dix décès humains dus à la rage, un chiffre alarmant pour une maladie éradiquée dans de nombreux pays depuis des décennies. Selon la Dre. Kawther Hrabech, responsable de la direction des soins de santé de base au ministère de la Santé, le nombre de personnes ayant reçu un traitement préventif contre la rage a presque doublé, passant de 55 000 en 2023 à plus de 100 000 en 2024.

Cette situation met en lumière une crise sanitaire préoccupante, exacerbée par la prolifération des chiens errants dans les zones urbaines. Les autorités tunisiennes offrent gratuitement le vaccin antirabique dans les délégations régionales de l’agriculture tout au long de l’année, en plus des campagnes annuelles de vaccination. Cependant, ces mesures semblent insuffisantes face à l’augmentation des cas.

Il est crucial de noter que l’abattage des chiens errants, souvent pratiqué par les municipalités, est non seulement inhumain mais aussi inefficace pour contrôler la propagation de la rage. Des études indiquent que cette méthode peut aggraver la situation en perturbant les structures sociales des populations canines, entraînant une reproduction accrue et une dispersion des animaux, ce qui favorise la propagation du virus.

Des pays comme la Namibie ont démontré l’efficacité de stratégies alternatives, notamment la vaccination de masse des chiens. En intégrant la vaccination antirabique canine à d’autres programmes de santé animale, la Namibie a réussi à réduire significativement les cas de rage humaine.

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) souligne que la vaccination des chiens, y compris des chiots, est la stratégie la plus rentable pour prévenir la rage chez les humains, car elle permet d’interrompre la transmission à la source. L’abattage des chiens errants ne permet pas de lutter efficacement contre la rage.

Il est donc impératif que la Tunisie réévalue ses méthodes de lutte contre la rage. Adopter des approches éprouvées, telles que la vaccination de masse des chiens et des campagnes de sensibilisation sur la responsabilité des propriétaires d’animaux, pourrait inverser la tendance actuelle et protéger la population contre cette maladie évitable.