Kef-Elections : Un modèle de développement uniforme et absence des facteurs d’attractivité des investissements

Le gouvernorat du Kef est situé au nord-ouest de la Tunisie et appartient au deuxième district incluant également les gouvernorats de Bizerte, Béja et Jendouba. La région s’étend sur 500 mille hectares alors que la population s’élève à 247 mille habitants répartis sur 12 délégations

La région est bordée à l’ouest par l’Algérie, à l’est par Siliana, au nord par Jendouba, et au sud par Kasserine, ce qui en fait un point de passage crucial.

Malgré la situation géographique avantageuse du gouvernorat, la région souffre de plusieurs problèmes de développement, dont les plus conséquents consistent en la précarité des infrastructures et la faiblesse du tissu industriel, ainsi qu’une dépendance quasi-totale à l’activité agricole et à l’élevage animal.

Les conditions climatiques difficiles et leur impact sur le secteur agricole

Le secteur agricole souffre d’une pluviométrie de plus en plus raréfiée, notamment dans le sud du gouvernorat, qui commence à observer un état de désertification, ce qui a incité les autorités régionales à élaborer un plan basé sur la diversification des modèles agricoles, en abandonnant peu à peu la culture céréalière pour la supplanter par des arbres fruitiers comme les oliviers, dans les délégations de Tajerouine, Kalaat Senan, Kalaat Khesba et Jerissa.

La région est connue pour ses disparités en matière de précipitations, dans la mesure où les quantités de pluies dans les délégations situées au nord, à savoir Sakiet Sidi Youssef, Touiref, Neber et Kef-Est, dépassent 400 mm par an, tandis que les quantités dans les délégations situées dans le sud du gouvernorat, varient entre 200 et 300 mm, ce qui entrainé des difficultés liées à l’approvisionnement en eau potable, et la nécessité qui s’en suit, de changer les modèles agricoles, conformément à la stratégie de développement de l’Etat.

Epuisement de la plupart des réserves minières

La région fait face à l’épuisement des réserves minières, qui offraient de nombreuses opportunités d’emploi à la population, à l’instar des mines de fer et de zinc à Essekia, Touiref, Neber et Tajerouine, ainsi que les mines de Bou Haber à Kalaat Senan, Boukrine à Seres et Kalaat Khesba, tous ayant cessé leur production, alors que les activités d’extraction se poursouivent dans certaines mines (Jérissa et Hmima à Kalaat Senan) de manière modeste.

La mine de phosphate de Sra Wartèn dans la délégation de Dahmani, qui représente la plus grande mine de phosphate du pays, avec des réserves estimées à environ 10 milliards de tonnes, reste fermée jusqu’à présent, en dépit des efforts pour engager son exploitation à travers la création, en 2016, d’une entreprise pour superviser le projet.

Les experts dans le domaine estiment que la réalisation du projet nécessite des fonds colossaux, ce qui explique sa difficulté de réalisation, compte tenu également de l’absence de l’infrastructures nécessaire et le risque de pollution de la mer.

Le secteur de la santé confronté à l’absence de médecine spécialisée

Le gouvernorat du Kef manque d’un tissu sanitaire intégré, les hôpitaux de la région souffrent de difficultés structurelles dues à l’absence de médecine spécialisée et au manque des médicaments et du matériel médical ou de spécialistes qui les opèrent.

A titre indicatif, l’hôpital régional du Kef dispose d’un scanner, inutilisé, en raison de l’absence d’un médecin spécialiste pour le faire opérer. Encore dans ce sens, les travaux de réalisation d’un service d’urgences au même hôpital ayant démarré en 2016, restent toujours, inachevés.

Réticence des entrepreneurs à investir dans la région

Par ailleurs, le gouvernorat du Kef constate une réticence de la part des entrepreneurs à s’installer dans la région, tant de difficultés aux conséquences directes sur les opportunités d’emploi, en particulier sur les diplômés universitaires, obligés de se déplacer vers d’autres régions à la recherche de travail ou d’immigrer à l’étranger.

Les élections locales, prévues le 24 décembre prochain, sont considérées comme une opportunité pour travailler davantage sur l’élaboration de modèles de développement appropriés aux délégations, par l’entremise des conseils locaux qui seront élus.

Il s’agit de se focaliser sur les secteurs les plus compatibles avec les spécificités régionales qui seraient en mesure de développer le tissu économique, notamment dans les domaines du tourisme alternatif et de l’exploitation des forêts.