Kamel Fekie : La migration irrégulière est un fléau inhumain

Le ministre de l’Intérieur, Kamel Feki, a affirmé, vendredi, à Palerme, que la migration irrégulière est un fléau “inhumain” qui exige “une approche réaliste, globale et multidimensionnelle”.

“Une approche qui doit s’attaquer aux causes profondes de la migration irrégulière plutôt que de tenter d’en traiter les conséquences”, a-t-il expliqué, dans une allocution prononcée lors des travaux de la conférence ministérielle organisée, à Palerme (Italie), à l’occasion du 20e anniversaire de l’adoption de la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale adoptée par l’assemblée générale des nations unies le 15 novembre 2000.

Kamel Feki a souligné que la gestion du dossier de la migration irrégulière exige une approche globale basée sur le soutien aux économies des pays d’origine des migrants, l’amélioration des perspectives d’emploi pour les jeunes et la lutte contre les réseaux de trafic d’êtres humains.

Cité dans une vidéo publiée sur la page facebook du ministère de l’Intérieur, Kamel Feki a réaffirmé que la solution durable au phénomène de la migration irrégulière “ne peut être qu’humanitaire et collective”, comme l’a souligné le président de la République, Kaïs Saïed, lors de sa participation en juillet 2023 à Rome à la Conférence internationale sur la migration et le développement.

Kamel Feki a noté que la conférence ministérielle se tient dans un contexte régional et international tendu ; les pays de la région sont confrontés à de nombreux défis sécuritaires, climatiques et économiques. Et d’ajouter que cette conférence représente une occasion de partager les points de vue sur les questions d’actualité et d’intérêt commun et de rechercher les instruments et mécanismes capables de lutter contre les différentes formes de criminalité transnationale organisée.

Pour le ministre de l’Intérieur, la criminalité transnationale organisée couvre un vaste éventail d’activités dont principalement la migration irrégulière. Ce fléau a “un lien inextricable” avec la traite des êtres humains et le transport illégal des migrants ainsi qu’avec le trafic de stupéfiants et d’armes, le terrorisme et le blanchiment d’argent, a-t-il dit.

Le ministre a réaffirmé la détermination de la Tunisie, dans le cadre de son engagement à mettre en œuvre la Convention des Nations Unies contre la criminalité transnationale adoptée, par la Tunisie, le 23 septembre 2002, à adapter les textes de loi relatifs à la lutte contre la traite des personnes aux standards internationaux et aux principes des droits de l’homme, y compris l’adoption d’une loi organique sur la prévention et à la lutte contre la traite des personnes en 2016, ainsi que la création d’une Instance nationale de lutte contre la traite des personnes.

Par ailleurs, le ministre a souligné que “la Tunisie gère la question des migrants conformément à la législation tunisienne, aux traités internationaux et aux principes éthiques, et ce malgré les contrevérités colportées”.

Il a indiqué que des “campagnes malveillantes sont menées par certaines parties à dessein d’attiser les tensions et d’escamoter les efforts de la Tunisie pour assurer la protection, l’encadrement et les soins aux migrants irréguliers présents sur son territoire”.

Le ministre a, dans cette optique, présenté quelques statistiques sur les efforts déployés en matière de lutte contre la migration irrégulière en Tunisie. Les derniers chiffres enregistrés entre janvier et mi-septembre 2023 indiquent que le nombre total de migrants ayant tenté de franchir illicitement les frontières maritimes pour rallier le continent européen s’élève à environ 72 516 personnes dont 58 057 étrangers, soit près de 80 %.

Il a précisé que le nombre de personnes secourues en mer s’élève, quant à lui, à environ 19 033 dont 17 865 étrangers, tandis que le nombre d’intermédiaires et de passeurs interpellés atteint les 909 individus et le nombre de bateaux saisis 824.

Il a ajouté que 5 609 tentatives de franchissement illicite des frontières maritimes ont été déjouées, alors que 488 embarcations ont fait naufrage au cours de la même période. Quelque 1 290 corps ont été récupérés en mer.