Projection de trois films lors de la 2ème journée des “Fenêtres sur le cinéma de Tunisie” à Paris

L’image de la jeunesse tunisienne en quête de confirmation de soi et de liberté, est le point commun des trois longs-métrages : ” Tunis by night “, d’Elyes Baccar, ” Fleur d’Alep ” de Ridha Behi et ” A peine j’ouvre les yeux ” de Leyla Bouzid, projetés, mardi après-midi, lors de la deuxième journée de la première édition des “Fenêtres sur le cinéma de Tunisie”, qui se tient du 10 au 13 décembre, à Paris.

Malgré les mauvaises conditions de projection qui n’ont pas mis en valeur les qualités des images et du son des films, les cinéphiles qui ont assisté aux trois longs métrages, ont pu avoir une idée sur une frange de la société tunisienne, notamment les jeunes de la capitale qui cherchent à se confirmer à travers l’art où la religion, ainsi que leurs relations avec leurs parents, marquées par des tensions perpétuelles.

Dans le premier film, ” Tunis by night “, le réalisateur Elyes Baccar met, à travers le personnage principal ” Youssef “, la lumière sur un père qui a consacré toute sa vie à sa carrière professionnelle en négligeant sa famille qui s’est brisée au fil du temps et ne retrouve plus de repères, essentiellement la fille ” Aziza “, jouée par l’actrice Amira Chelbi.

Représentant l’image d’une jeune rockeuse libre de mener sa vie comme bon lui semble et qui résiste au patriarcat imposé par son frère plongé dans les pratiques religieuses, ” Aziza “, vivait très mal cette situation. Elle est toujours en quête de l’autorité d’un père absent.

” Cette famille, je la vois comme la société tunisienne perdue, qui n’a pas d’idéologie “, note Raouf Ben Amor qui a joué le rôle de Youssef. Pour le réalisateur, Elyes Baccar, ” Aziza est une partie de la jeunesse tunisienne qui n’a pas tué le père “.

La même problématique est abordée dans le deuxième long métrage ” Fleur d’Alep “, mais sous un angle différent. Réalisé par Ridha Behi en 2015, le film traite un sujet qui a touché plusieurs familles tunisiennes lors des dernières années : le départ des jeunes tunisiens vers la Syrie.

Ridha Behi a tenté de dessiner le profil d’un élève de 18 ans, qui vit dans la banlieue sud de la capitale. Passionné par la musique, ” Mourad “, joué par Badis Behi, est fragilisé par la séparation de ses parents et l’absence de son père, artiste, ce qui le pousse vers la radicalisation et à rejoindre les groupes terroristes.

Dans Fleur d’Alep, le réalisateur met en exergue la souffrance des mères qui voient leurs enfants partir vers les zones de tension ainsi que leur engagement pour les retrouver.

Par ailleurs, l’image de la mère qui gère seule le quotidien de sa famille et le fossé entre les parents et les enfants sont omniprésents dans le troisième film ” A peine j’ouvre les yeux “.

La réalisatrice Leyla Bouzid met en valeur à travers le personnage de ” Farah “, interprété par Baya Medhaffar, l’énergie de la jeunesse tunisienne qui aspirait, en 2010 à la liberté et à la confirmation de soi. Une jeunesse oubliée mais vivante qui veut échapper au contrôle des différentes institutions de la société tunisienne.

La première édition des “Fenêtres sur le cinéma de Tunisie” est organisée à Paris, par la délégation permanente de la Tunisie à l’Organisation des nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco) avec le soutien du ministère des Affaires culturelles et le Centre national du cinéma et de l’image (Cnci). Au total 10 longs métrages sont programmés lors de cette première édition.