La juridiction spécialisée compétente en matière de justice transitionnelle près du Tribunal de première instance de Gafsa a entamé, mercredi, l’examen du premier dossier déposé par l’Instance Vérité et Dignité (IVD) portant sur les évènements du bassin minier de 2008.
L’audience a démarré aux environs de 10h00 ce matin en présence des victimes de ce soulèvement social et de leurs proches.
Etaient également présents des députés, des acteurs politiques, des syndicalistes et des représentants de la société civile et de la Coordination pour la justice transitionnelle regroupant 40 organisations et associations.
La région du Bassin minier qui englobe Redeyef, Oum Larayes, Mdhilla et Metlaoui avait connu, à partir de janvier 2008, un soulèvement social sur fond de revendications pour l’emploi et le développement et contre le népotisme.
Le mouvement fut sévèrement réprimé par l’ancien régime. Plusieurs manifestants avaient été tués ou blessés. Des activistes et des syndicalistes avaient été emprisonnés.
Les personnes soupçonnées d’avoir commis des atteintes aux droits humains ont été appelées pendant l’audience.
Il s’agit de quinze personnes dont en particulier l’ancien président Zine El Abidine Ben Ali, l’ancien ministre de l’Intérieur, Rafik Haj Kacem et plusieurs hauts responsables sécuritaires de l’époque aux niveaux central, régional et local.
Le président de l’audience a procédé à la lecture des chefs d’accusation retenus contre les accusés : homicide volontaire avec préméditation et tentative de meurtre avec préméditation, violences et torture.
Les charges retenues s’appuient sur la Constitution tunisienne, la loi de la justice transitionnelle, les dispositions du Code pénal et les principes et obligations des traités internationaux relatifs aux droits humains et bannissant la torture.
Les victimes des évènements du bassin minier se répartissent comme suit: les personnes qui ont été tuées lors de ces évènements: Hafnaoui Maghzazi et Abdekhalek Amidi de la délégation de Redeyef et les victimes d’atteintes à l’intégrité physique dont le nombre s’élève à au moins 57 personnes parmi les blessés et les prisonniers de ce soulèvement social.
Le ministère public a demandé le report d’audience jusqu’à ce que les convocations de comparaitre parviennent aux accusés. Les avocats de la partie civile ont demandé, quant à eux, l’audition des victimes.
Fahem Boukaddous, un des prisonniers du soulèvement du bassin minier a déclaré à l’agence TAP, que cette audience n’est pas seulement une tentative, symbolique soit elle, de rendre justice aux victimes de ce soulèvement et de mettre fin à l’impunité.
Mais constitue, selon lui, un message pour soutenir le processus de justice transitionnelle en Tunisie.
Pour le député Adnen Hajji (groupe Allégeance à la patrie), un des meneurs du soulèvement du bassin minier qui a été, lui aussi, emprisonné, a estimé que les sacrifices consentis n’auront pas pas été vains.
Traduire en justice des responsables de l’ancien régime et rendre justice aux victimes aura été le fruit de ces sacrifices, s’est-il félicité.