Islamisme  : De Kairouan, on appelle aux Croisades contre le peuple tunisien

Est-ce le fait d’avoir été remis à sa place par le président de la République après que Rached Ghannouchi lui a remis la lettre main-à-main à Carthage en ce 7 août que la tension est montée d’un cran dans les rangs des islamistes salafistes tunisiens ?

Peut-être que oui, peut-être que non ! Tant la nature des relations consensuelles entre notre cher président de la République et son homologue dans le parti des Frères musulmans tunisiens est ambiguë et mitigée.

Les dernières déclarations du 9 août de Ghannouchi prouvent, sans équivoque à ceux qui doutent encore de séparer l’assise religieuse de celle politique, qu’ils sont totalement et absolument dans l’erreur ! C’est comme si vous veniez demander à Israël de ne pas être un Etat Juif. Elle perdrait sa raison d’être !

Ghannouchi a donc déclaré ce jeudi en Turquie qu’il y a des conspirateurs qui veulent faire échouer la «Révolution tunisienne». Il a tenu à préciser que si la religion musulmane n’a pas conquis le monde, c’est parce que les régimes dictatoriaux l’en ont empêché ! Erdogan est un grand démocrate (sic) !

Le Cheikh a rappelé que l’islam n’est pas seulement une religion mais un Etat et que la société musulmane a toujours été plurielle puisque Juifs et Chrétiens y vivaient. Il a oublié qu’ils devaient s’acquitter d’une contrepartie financière, en l’occurrence une dîme !

Et pendant que Ghannouchi fait sa campagne à l’international, le rapport contesté de la COLIBE est en train de faire tomber son masque de la tolérance et de l’ouverture dans son propre pays, mais ce qu’en pense une majeure partie des Tunisiens, il s’en fout, les soldats de Dieu sont à son service.

Et depuis plus d’une semaine déjà, les appels à mobilisation contre le rapport de la COLIBE ont pris des dimensions incommensurables ! Des appels faits par des associations caritatives alliés à des partis islamistes qui n’hésitent pas à traiter tout Tunisien qui les désapprouve de mécréant. Rejoignant ainsi le fameux principe de l’allégeance des Frères musulmans tunisiens à leur prince Rached El Ghannouchi : «Celui qui m’obéit a obéi à Allah et celui qui me désobéit lui a désobéi».

Et c’est à Kairouan qu’on isole de plus en plus, en faisant la capitale de l’islam politique, que ce slogan est scandé : «celui qui manifestera samedi 11 à Tunis est un croyant, et celui qui ne le fait pas est un mécréant», usant pour cela d’un véhicule dont le mégaphone servait à annoncer le décès d’un membre de la communauté, un service payant traditionnellement dispensé par la municipalité, aujourd’hui, à majorité islamiste.

C’est l’association des Imams de Kairouan censée diffuser les valeurs de paix et de tolérance qui use de l’expression : «Ce rapport a été rédigé par des impies et des hérétiques…!».

Pire, ils appellent au Djihad : «Oye, Oye enfants de Okba Ibnou Nafaa, allons au Djihad à la gloire d’Allah !».

Quelle est la posture du procureur de la République face à ces pratiques qui s’apprêtent pratiquement à des appels au meurtre et des Croisades dans un même pays portant en grande partie la même religion ?

Quelle est la position du ministère de l’Intérieur ? Qui finance ces associations et leur donne autant de moyens pour mener des guerres de religion dans notre pays et le diviser en ceux qui correspondent au modèle islamiste et les musulmans de toujours ?

Quelle est la responsabilité de l’Etat dans tout ce qui se passe dans les régions et qui, très fréquemment, échappe au contrôle du pouvoir central ?

Les islamistes ont-ils sonné l’heure de la mise à mort de notre modèle sociétal ?

Nous avons bien peur que oui. La victoire d’Ennahdha quoique modeste aux municipales a boosté tous les sympathisants islamistes et salafistes, et ceux et celles qui ont camouflé, pour un petit laps de temps, leurs tenues afghanes et leurs voiles se sont aujourd’hui dévoilés.

La Tunisie est-elle en train de s’afghaniser ?

A.B.A