Kerkennah : Oui pour l’exploitation des ressources naturelles, non à la destruction des plages

”Si un palmier venait à pousser sur la tête d’un habitant de l’île, il ne saurait quoi en faire, mais il ne lui viendrait jamais à l’idée de l’arracher !”

Ce proverbe kerkennien résume l’intérêt que portent les habitants de cet archipel à la nature et la préservation d’un écosystème étudié.

Le premier hôtel qui a été construit sur l’île date depuis 1960 suivi par d’autres hôtels qui se trouvent dans la zone de Sidi Fradj. Ces hôtels semblent aujourd’hui menacés, par la présence d’une société d’extraction de gaz et de pétrole.

Ces hôtels, qui se trouvent dans ladite zone touristique, ne sont pas seulement un lieu d’hébergement pour les vacanciers. Ils font vivre plus d’une dizaine de familles sur l’île comme les poissonniers, les bouchers, les boulangers, les pâtissiers, sans oublier tous les employés qui s’activent pour satisfaire les besoins et les demandes des vacanciers.

Malheureusement, ces postes d’emploi semblent être menacés à cause d’une mauvaise exploitation de nos ressources naturelles.

Sur place, à quelques mètres d’un des plus anciens hôtels de Kerkennah, les vacanciers peuvent apercevoir un bateau avec des tubes géants et des camions qui peinent à passer sur un chemin qui mène vers la mer, un chemin qui était dans le passé dédié aux vacanciers de l’hôtel qui voulaient faire une marche.

Le spectacle des camions escortés par la police est devenu presque une habitude pour les clients de l’hôtel et du restaurant ‘Cercina’. Ces clients qui sont exclusivement venus sur l’île à la recherche du calme et la nature.

Ces tubes qui se trouvent en haute mer mènent vers la plage. Cette zone touristique, décrétée en 1981 par le président Bourguiba, est devenue un dépotoir pour cette société pétrolière.

Un enfant qui peut s’aventurer près du littoral peut facilement se blesser ou si sa curiosité le pousse à jouer près des tubes, il risque d’être enseveli dans la terre, argileuse.

En s’approchant du côté où se déverse de l’eau, une odeur nauséeuse se dégage faisant fuir les passants. D’autres curieux s’aventurent et se rapprochent pour regarder avec désolation ce spectacle.

Interrogé sur tous ces détails, le gérant de l’hôtel Cercina était dans tous ces états. Il affirme qu’il a demandé de l’aide pour que les camions ne passent plus devant son hôtel. Il a reçu une réponse catégorique en prétextant qu’il s’agit de l’intérêt national.

Pire encore, des employés du ministère de l’Equipement seraient venus sur place, à l’hôtel, pour prendre des mesures, afin d’agrandir le passage et faciliter les manœuvres des camions.

L’hôtelier ne souhaite pas vendre, mais on lui a proposé une somme d’argent afin qu’il ferme son établissement, oubliant par ailleurs que les habitants de l’archipel qui vivent grâce à cet hôtel et cela depuis sa création, en 1968.

Pomper du sable pour gagner du temps

Selon les citoyens, la société Petrofac, puisqu’il s’agit de cette entreprise, est en train de pomper du sable dans les fonds marins de l’île pour qu’il soit rejeté sur la plage.

En faisant ainsi, les bateaux qui transportent la marchandise de ladite société gagnent du temps. Le sable rejeté sur la plage dégage de mauvaises odeurs et forme de petites montagnes de sables qui sèchent au fil du temps. Ce sable est curieusement gris comme du ciment, comme le démontrent les photos prises sur place.

Selon les témoins interrogés sur place, les camions qui passent devant la réception de l’hôtel Cercina transportent un gaz très dangereux. Ce gaz est facilement inflammable, en cas d’accident, il peut raser l’hôtel et ses alentours, affirme le témoin sur place.

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