Si le médecin enterre ses erreurs, l’ingénieur les traîne toute sa vie

Ou comment pratiquer «la politique du robinet» devant un secteur qui fait tourner l’économie sans que personne ne s’en aperçoive… Si ce papier vous parvient, c’est parce qu’un inconnu est en train de faire tourner la machine TELECOM et la machine STEG. Quand vous prenez votre douche, ce sont d’autres illustres inconnus de la SONEDE et de l’ONAS qui vous font arriver l’eau (pour les premiers) et qui vous en débarrasser (pour les seconds), etc.

Je ne connais pas un secteur de l’économie où ces pauvres hères n’interviennent pas. Faut-il encore le rappeler que le 14 janvier 2011, s’il a vu un tremblement de terre politique, tous les services ont continué de fonctionner pratiquement sans interruption et grâce à leur intervention permanente…

Mais ce qui est malheureux, c’est que le dialogue national n’a même pas jugé d’associer ce corps de métiers qui, avec les médecins, assurait la «maintenance» et le fonctionnement de ce fameux prix Nobel!

Ces ingénieurs, tant qu’on ne les voit pas, ils n’existent pas, mais à la première erreur ou incartade, tout le monde leur tombe dessus. N’a-t-on pas vu un gouverneur convoquer le responsable du CRDA –Commissariat régional au développement agricole– et lui demander de lui expliquer pourquoi il ne pleut pas?

Faut-il rappeler la réflexion de AHMED BEN SALAH sur les ingénieurs envers desquels il avait le plus grand mépris? Beaucoup d’ingénieurs ne pouvant exercer leur métier se sont mis à faire de la politique. Notre Premier ministre en est un exemple éclatant.

La liste est longue sur ce métier que les politiciens n’aiment pas, car un bon ingénieur peut exercer son métier n’importe où, dans n’importe quelles conditions. Hélas, en Tunisie ce métier n’a jamais eu la faveur de quiconque … même des ingénieurs qui deviennent des politiciens.

Aller étudier presque 20 ans pour démarrer une carrière –quand on trouve du boulot dans le privé- avec un salaire de misère et ne pas exister pour l’administration qui n’accepte que des gens ayant 10 ans d’expérience, cela est ubuesque.

Ce qui est pire c’est qu’il n’existe aucune structure viable pour gérer ce secteur qui fait tourner un pays, et beaucoup de ces gens-là s’expatrient vers d’autres cieux, mais malheureusement certains d’entre eux vers un désespérant extrémisme: on se demande si ce n’est pas notre système qui fabrique ces monstres faute de construire.

Alors une grève pour quoi faire messieurs les ingénieurs ? D’après moi, à rien, et ce d’autant plus que parmi les décideurs il y a une majorité d’ingénieurs et de tous bords…