Le membre de l’Association des magistrats tunisiens (AMT), Anas Hmeidi, a mis en garde contre le recours aux prélèvements sur les salaires des magistrats pour pénaliser les mouvements de protestation organisés récemment par le secteur.
Les magistrats s’opposeront à cette décision par tous les moyens et pourront même suspendre toute activité dans les tribunaux jusqu’à la fin de l’année judiciaire, a-t-il menacé.
Lors d’une conférence de presse mercredi à Tunis, Anis Hmeidi a estimé que cette forme de harcèlement est de nature à porter atteinte à la sécurité financière du magistrat et au principe de séparation des pouvoirs.
“Les revendications légitimes de l’AMT ont du embarrasser les autorités qui n’ont trouvé d’autre réplique que de prétendre que l’AMT ne représente pas les magistrats et qu’elle n’est pas habilitée à débattre des questions financières avec le ministère”, a-t-il lancé.
Citant l’article 9 des principes fondamentaux relatifs à l’indépendance de la magistrature inscrits dans la déclaration des Nations Unies (1985), Mohamed Beltaief, un autre membre de l’AMT, a rappelé que “les juges sont libres de constituer des associations de juges ou d’autres organisations, et de s’y affilier pour défendre leurs intérêts, promouvoir leur formation professionnelle et protéger l’indépendance de la magistrature”.
La sécurité financière et les conditions de travail dans les tribunaux sont les garants de l’indépendance de la magistrature et de ce fait ils sont au cœur des activités des associations judiciaires, a-t-il tenu à préciser.
Pour sa part, la présidente de l’AMT Raoudha Karafi a déploré l’absence de vision sur la réforme du secteur judiciaire et l’amélioration de la situation matérielle des magistrats. Elle a rappelé la vague de démissions dans le secteur et qu’elle impute à la détérioration du niveau de vie des professionnels.
Les magistrats avaient repris, lundi dernier, leurs protestations avec port du brassard rouge, dénonçant la dégradation e leur situation financière et des conditions de travail dans les tribunaux.
La reprise des protestations a été décidée lors du conseil national de l’AMT réuni le 16 avril dernier.