Les magistrats entament à partir de ce lundi 27 mars une grève générale de trois jours dans l’ensemble des juridictions du pays pour réclamer le retrait de l’initiative législative du gouvernement amendant et complétant la loi portant création du Conseil supérieur de la magistrature (CSM), laquelle proposition a été adoptée samedi 25 février 2017 en Conseil des ministres.
Lors du Conseil national de l’Association des magistrats tunisiens (AMT) tenu samedi 18 mars courant à Tunis, il a été décidé d’organiser des mouvements de protestation pour réclamer le retrait de la proposition du gouvernement qui, selon l’association, porte atteinte à l’indépendance de la magistrature.
La présidente de l’AMT, Raoudha Karafi a fait état d’un taux de participation de 80 pc au tribunal de première instance de Tunis I, indiquant que les taux de participation à la grève dans le reste des juridictions seront annoncés ultérieurement.
Regrettant de voir le gouvernement continuer à prendre des décisions de manière unilatérale et à exclure les structures judiciaires des concertations autour des questions qui engagent le secteur, Karafi a dénoncé les “conditions dérisoires” dans lesquelles travaillent les magistrats.
Elle a, par ailleurs, rappelé que les magistrats organiseront un rassemblement demain mardi devant l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) pour protester contre l’initiative gouvernementale amendant et complétant la loi portant création du CSM.
De son côté, le président du Syndicat des magistrats tunisiens (SMT), Fayçal Bouslimi a démenti les déclarations de la présidente de l’AMT concernant la réussite de la grève, assurant que de nombreux magistrats ont boycotté cette grève et que les audiences se sont déroulées normalement dans plusieurs juridictions.
Des représentants du SMT, de l’Union des magistrats administratifs et de l’Union des magistrats de la Cour des comptes avaient souligné, jeudi dernier, l’urgence de mettre en place le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) dont dépendent les élections municipales.
Ils accusent l’AMT de faire durer la crise du Conseil.
Lors d’une conférence de presse, à Tunis, les représentants des syndicats des magistrats avaient appelé à la nécessité de trouver une solution consensuelle à la crise entre les membres du CSM avant l’examen et l’adoption, prévue demain mardi, de l’initiative du gouvernement par le parlement.
Fayçal Bouslimi, avait à cette occasion, exhorté l’AMT à mettre un terme à ses mouvements de protestation et à se contenter de l’action associative.
A noter que plusieurs citoyens se sont plaints de ne pas avoir été informés de la grève des magistrats, dénonçant la récurrence de ces mouvements de protestation qui nuisent à leurs intérêts.