Tunisie : La chorégraphie “Hamju”, première création d’ E-Fest pour ses dix ans

L’enceinte de l’Accropolium de Carthage s’est transformée mardi soir en un lieu de magie où le spectateur a pu revisiter l’histoire des lieux à travers la chorégraphie “Hamju” qui a ouvert la dixième édition du festival des arts numériques E-Fest.

La chorégraphie, co-écriture collective de sept interprètes, est réalisée d’après une conception de Afif Riahi et une chorégraphie du duo Aïcha M’Barek et Hafiz Dhaou. Partant de sa volonté de développer de nouvelles actions artistiques, Afif Riahi, président d’E-Fest vient d’intégrer pour cette première fois le spectacle vivant avec “Hamju”, un spectacle autour de la danse et des outils numériques. Il devient ainsi producteur et créateur des projets E-Fest métamorphosé en un espace de diffusion mais aussi de réflexion, de création et de production.

Entre deux espaces, des objets et des corps en mouvement occupent l’arène plongée dans l’obscurité et une sorte de dialogue s’installe entre ceux qui sont venus “hamju” (dialecte tunisien). Entre formes géométriques, sons et jeux de lumières, le spectateur plonge dans un état d’illusion visuelle qui tantôt interpelle le réel tantôt renvoie vers des champs d’interprétation proches de l’imaginaire.

Pour Afif Riahi, les objets utilisés et les différentes formes géométriques notamment le triangle, représentent une sorte d’ “ethnographie berbère et arabe”. Selon lui, la chorégraphie questionne ” les cultures populaires et celles formatées ” qui sont représentées dans deux espaces, un qui renvoie à la culture populaire et un second qui fait référence une culture institutionnelle. Riahi souligne à cet effet la notion de réflexion qu’offre la chorégraphie qui interpelle le côté communautaire de l’espace urbain moderne où ” les gens deviennent distants et où chacun se trouve seul dans son petit coin “.

D’ailleurs, le chorégraphe Hafiz Dhaou présente ” Hamju ” comme étant l’histoire d’un trajet et un voyage dans le temps et dans l’espace. Il parle d’un spectacle où l’on présente “un corps très épuré et profond” où “l’Humain” est évoqué par une certaine note mélancolique. En effet, “la voix dans le spectacle se dresse comme un cri de la naissance dégageant un tonnerre qui déchire l’espace.”

Evoquant cet essai de fusion entre mapping numérique et danse, il présente la création comme “un dialogue dur car la danse est le médium du corps qui impose une vérité en continu ” Venant d’un “background de Mezoued”, Hafiz Dhaou qui avait débuté avec la troupe de Sihem Belkhodja pour intégrer ensuite “la Nouba de Fadhel Jaziri (entre 1991 et 1996) parle de “Hamju” musicalement comme un spectacle qui interpelle l’héritage du mezoued avec ses codes esthétiques et sonorités particulières.

Deux autres représentations de ” Hamju” sont prévues à l’Acropolium pour fêter les dix ans d’E-Fest qui continue jusqu’au 15 octobre courant avec un programme artistique varié entre installations, conférences et concerts.