Le secteur de la garde des enfants à domicile sera bientôt organisé à travers la réglementation de la profession d’assistante maternelle à domicile sur la base de critères bien définis, a déclaré la ministre des affaires de la femme, de la famille et de l’enfance, Samira Maraii Friaa.
Dans un entretien accordé à l’agence TAP à l’occasion de la célébration de la journée mondiale de l’enfance fêtée le 20 novembre de chaque année, la ministre a mis l’accent sur les efforts déployés pour promouvoir le secteur de l’enfance en Tunisie.
“L’Assistante maternelle doit, avant tout, être elle même maman, accueillir 3 enfants au plus et suivre des cycles de formation organisés par le département de la femme, de la famille et de l’enfance afin d’obtenir un diplôme agréé par le département” a-t-elle précisé.
“Il s’agit de mettre en place un système d’assistante maternelle avec une certification pour contrôler ce domaine qui reste encore informel et échappe à toute surveillance et aussi pour valoriser les personnes qui font ce travail, éviter d’éventuels drames et évaluer la prise en charge et la qualité des prestations” a-t-elle dit.
Par ailleurs, elle a indiqué que 2000 enfants issus de familles démunies bénéficieront de subventions du ministère de la femme pour rejoindre des jardins d’enfants.
La ministre a souligné, à cette occasion, les disparités régionales flagrantes qui existent en Tunisie en ce qui concerne les établissements de la petite enfance dont l’absence de jardins d’enfants privés dans certains milieux ruraux.
Elle a indiqué que les études ont démontré l’importance de l’enseignement préscolaire, qui aide à la stimulation intellectuelle des enfants et révéler leur potentiel et talents dans les divers domaines.
Seulement 35pc des enfants fréquentent, actuellement, les jardins d’enfants, soit 188 mille enfants en 2015, selon Lotfi Balaazi, directeur de l’animation socio-éducative et de loisirs au ministère des affaires de la femme, de la famille et de l’enfance.
Ce nombre a connu une légère augmentation au cours de cette année par rapport aux années précédentes avec un pourcentage ne dépassant pas 30pc, a-t-il précisé. Dans certaines régions comme Kairouan, Le Kef, Siliana ou Jendouba, ce taux est estimé à seulement 5pc.
D’autre part, Friaa a indiqué que le nombre des jardins d’enfants illégaux a nettement diminué, soulignant les grands efforts déployés par le ministère pour lutter contre ce fléau et mettant l’accent sur l’importance du rôle des parents pour dénoncer ces établissements. Le ministère qui vient d’ordonner la fermeture de 650 établissements anarchiques, a mis en ligne, au début de novembre 2015, la liste actualisée des crèches et jardins d’enfants légaux dont le nombre s’élève à 4118 jardins d’enfants et 313 crèches.
Les opérations de contrôle se poursuivent et sont continues malgré le nombre assez réduit des inspecteurs (220 inspecteurs et aide-inspecteur), a-t-elle dit. “L’inspection est désormais axée sur l’évaluation de l’établissement de point de vue pédagogie, infrastructure, hygiène, nombre d’enfants et du personnel”, a-t-elle ajouté.
La ministre a ajouté que le programme d’autonomisation économique de la femme permettra aux jeunes diplômées de l’institut supérieur des cadres de l’enfance de Dermech de créer des jardins d’enfants dans les régions privées d’établissements publics ou privés de petite enfance.
La ministre a également mis l’accent sur l’importance de l’éducation parentale pour assurer l’équilibre psychologique de l’enfant, relevant l’absence de mécanismes de formation des parents dans l’éducation de l’enfant.
“la garantie d’une santé psychologique, affective et physique des enfants représentent les conditions premières de l’épanouissement du futur adulte”, a-t-elle dit. Le rôle des parents et des éducateurs est primordial surtout dans la détection des enfants menacés: “le vrai échec est la non détection des enfants déprimés ou à caractère suicidaire et l’identification des enfants en risque dans les milieux scolaires ou familiaux” a-t-elle expliqué.
Les conséquences des violences à l’encontre des enfants les plus fréquentes sont la dépression, les tentatives de suicide et les suicides, les addictions, les comportements à risque, l’échec scolaire, la délinquance, la vulnérabilité affective…
Selon Merai, il ne faut pas s’arrêter aux signalements après les faits, mais il faut prévenir, communiquer avec les enfants et les sensibiliser. “Le nombre global des suicides n’a pas augmenté en Tunisie mais celui des enfants a atteint 15pc”, un chiffre effrayant selon la ministre.
Elle a ajouté que les problèmes de l’enfance nécessitent un traitement médiatique particulier surtout pour les sujets délicats comme les suicides, tentatives de suicide et les abus sexuels, faisant savoir que le ministère a organisé des sessions de formation au profit des journalistes, étant donné l’importance du rôle des médias dans la sensibilisation de masse et la prévention.
“Pour ce qui est des enfants placés en institutions ou dans les centres intégrés pour les éloigner des milieux à risque, le problème consiste en l’absence d’intégration de ces jeunes qui se retrouvent livrés à eux même après l’âge de 18 ans, puisqu’ils doivent quitter le centre à cet âge et exposés à plusieurs dangers dont celui de la délinquance” a indiqué la ministre.
Elle a, à cet égard, mis l’accent sur l’importance du rôle des familles accueillantes dans l’encadrement de ces enfants, expliquant que chaque enfant placé en institution coûte à l’Etat 8 mille dinars par an pour, soit 700 dinars par mois.
Le ministère se penche actuellement sur la possibilité de soutenir ces familles et de les encourager à accueillir ces enfants en leur accordant une subvention. Cette mesure vise le bien-être de ces enfants dont ceux qui ont été éloignés de leurs familles pour des raisons économiques en les plaçant dans leurs familles ou dans des familles accueillantes.
La ministre a aussi annoncé que le nombre des délégués de l’enfance, actuellement de 50, sera renforcé par le recrutement de nouveaux délégués prochainement pour atteindre le nombre de 90.
Il s’agit aussi de créer d’autres mécanismes de représentation de l’enfant, en l’absence de cadre représentatif de l’enfant d’où la réflexion à la création d’un comité supérieur des droits de l’enfant, ou l’enfant sera représenté par une structure en s’inspirant de l’expérience du Norvège dans ce domaine avec la création du poste du commissaire à l’enfance qui sera le porte- parole des enfants, a-t-elle fait savoir.
La ministre a également souligné l’importance de la création d’une structure de coordination entre les ministères dont les dossiers touchent le domaine de l’enfance comme la santé, l’éducation.
Friaa a indiqué que le ministère a réalisé un diagnostic du secteur de l’enfance au cours des trois derniers mois par une équipe d’experts tunisiens en collaboration avec la Banque Mondiale.
Un rapport issu de ce diagnostic est en cours d’élabration et sera prochainement achevé et débattu avec les cadres de l’enfance. Il s’agit d’évaluer les points forts et les points faibles du secteur pour introduire les réformes nécessaires et élaborer le plan de développement, a-t-elle dit.