Le comité pour la protection des journalistes ( Committee to protect Journalists) a appelé les autorités tunisiennes à lever les menaces législatives qui pèsent sur la Presse.
Dans son rapport sur la situation des médias en Tunisie présenté mardi lors d’une conférence de presse à Tunis, l’association recommande au gouvernement de s’engager, publiquement, à appliquer les mesures de protection disponibles dont le décret-loi 115 qui prohibe l’emprisonnement des journalistes. Elle suggère de soumettre, à nouveau, le projet de loi organique sur le droit d’accès à l’information au parlement.
Le Comité propose, en outre, l’amendement de la législation relative à la lutte contre le terrorisme, en cernant davantage les notions telles que « crimes terroristes » et « secrets de la sécurité nationale ». L’association appelle, dans ce sens, à la nécessité de fournir la protection nécessaire aux journalistes ayant subi des menaces de la part des groupes terroristes.
Sur un autre plan, le Comité pour la protection des journalistes insiste sur la nécessité de demander des comptes aux forces de sécurité qui agressent les journalistes. Il recommande d’intensifier la formation des policiers sur le traitement avec les journalistes lors des manifestations et autres situations délicates.
La création d’une unité de crise composée des membres de la société civile et de représentants du gouvernement pour trouver des solutions au dossier des deux journalistes tunisiens enlevés en Libye Sofien Chourabi et Nadhir Ktari a été également préconisée par le Comité.
Dans son rapport, l’association met, aussi, l’accent sur l’importance qu’il y a de tenir compte de la diversité et de l’indépendance lors de la création de la nouvelle agence qui sera chargée d’organiser la presse, en remplacement de la Haute autorité indépendante pour la communication audiovisuelle (HAICA).
Il ressort du rapport, que la liberté de la presse a régressé par rapport à la période qui a suivi la révolution du 14 janvier, en raison d’une mauvaise utilisation des nouvelles législations note, par ailleurs, Safa Ben Said, membre du Comité.
Le rapport cite les chiffres présentés par le centre de Tunis pour la liberté de la presse qui fait état de 277 agressions commises contres des journalistes en 2014.
Il relève qu’aucune poursuite judiciaire n’a été engagée contre les auteurs des agressions.
Le Comité relève dans son rapport « la faiblesse » de la HAICA qui « au lieu d’organiser les chaînes tv et radio, est devenue une source de conflits, conduisant à la division du paysage médiatique».