Tunisie : Bilan des 100 jours du gouvernement

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Les députés étaient plus au moins critiques envers l’action du gouvernement Essid 100 jours après sa prise de fonction lors de la séance de débat tenue après le discours pronconcé par M. Habib Essid qui présentait ce vendredi la déclaration du gouvernement devant l’Assemblée des représentants du peuple. Le député d’Ennahdha Ahmed Mechrigui a qualifié de « précaire » la situation dans le pays qui, selon lui, « fait face à une crise à multiples facettes ».

« On ne peut pas faire face à la crise avec un pareil traitement politique », a-t-il lâché, ajoutant que les revendications de la révolution ne peuvent pas se contenter de solutions partielles. Le député Hatem Ferjani (Nidaa Tounes) a critiqué, quant à lui, la « lenteur » de l’action du gouvernement et le « manque de fermeté » dans le traitement de la crise.

Le gouvernement, a-t-il toutefois défendu, n’est pas responsable de la situation actuelle mais il est appelé à trouver des solutions urgentes. Il a plaidé pour « une cohésion » entre les partis notamment ceux de la coalition au pouvoir. Certains partis, a-t-il dit, veulent être à la fois au gouvernement et dans l’opposition. Ceux qui sont dans l’embarras de faire partie du gouvernement en place peuvent le quitter, a-t-il lancé.

Pour sa part, Houcine Jaziri (Ennahdha) a estimé que le gouvernement est appelé à prendre ses responsabilités dans le cadre de la « continuité de l’Etat ». « Nous n’avons pas de solution miracle. Nous sommes entrain de tenter des réformes mais la situation n’est pas encore claire », a-t-il dit, invitant le gouvernement à ne pas disperser ses efforts. Tarek Ftiti (Union patriotique libre-UPL) a reproché au gouvernement la gestion du dossier « Winou el petrole » (Où est le pétrole ? ».

Pour lui, il fallait associer la société civile, ouvrir les dossiers et informer le peuple sur les richesses naturelles que recèle le pays, ses méthodes de gestion et la répartition des contrats d’investissement dans ce domaine. Khemais Kssila (Nidaa Tounes) a insisté sur la nécessité de prendre conscience que le gouvernement post-révolution évolue dans un contexte crucial et qu’il doit prendre des mesures « douloureuses » et « audacieuses » avant qu’il ne soit trop tard d’engager des réformes.

Pour lui la réalisation du développement ne peut se faire sans la révision du cadre juridique et des lois bloquées dans les secteurs de la douane, des télécommunications, des affaires foncières et bancaires et en matière d’investissement. Béchir Khlifi (Ennahdha) a appelé à l’activation du conseil de dialogue national pour qu’il s’acquitte de sa mission dans le traitement des dossiers sociaux en suspens.

Le député Taoufik Jomli (UPL) a estimé que la responsabilité du blocage dans l’exécution des projets revient aux autorités régionales et aux délégations spéciales. Hafedh Zouari (Afek Tounes) a invité le gouvernement à « lutter contre la contrebande et l’économie parallèle en adoptant une politique de transparence et en démasquant la corruption ».

De son côté, le député de l’opposition Nizar Amami (Front populaire) a jugé que le gouvernement Essid a « totalement échoué » dans son action. Pour Zied Lakdhar, également député du FP, le gouvernement est incapable de prendre des mesures et de les appliquer fermement. Zied Lakdhar a relevé aussi que les circonstances de l’attaque survenue à la caserne de Bouchoucha (25 mai 2015) demeurent toujours « obscures ».

Ghazi Chaouchi (Courant démocrate) a estimé, quant à lui, que le gouvernement aurait du entamer un programme de réforme globale. A contrario, a-t-il jugé, quatre mois après la prise de fonction du gouvernement Essid, le taux de croissance a régressé, le taux d’inflation a augmenté d’un point par rapport à 2013, l’investissement extérieur a baissé, outre la dévaluation du dinar et la fréquence des grèves dans tous les secteurs.

Zouheir Maghzaoui (Mouvement du peuple) a qualifié de « programme électoral et non de programme de travail » la déclaration du chef du gouvernement. Les diktats de la banque mondiale ne passeront pas en Tunisie, a-t-il averti.

Adnan Haji (Groupe social démocrate) a estimé que la déclaration du gouvernement revêt un caractère général sans méthodologie claire, proposant une politique de dialogue envers tous les mouvements de protestation dans les régions.