Documentaire “Les Apatrides” : témoignages accablants d’anciennes victimes de la torture en Tunisie

Le film documentaire “Les Apatrides” sur les pratiques de torture et d’injustice subies par les prisonniers politiques et d’opinion ainsi que leurs familles sous l’ancien régime, a été présenté, mardi, aux médias à Tunis.

Réalisé par Arbia Abbassi, le documentaire de 30 minutes, présente des témoignages accablants de citoyens tunisiens issus de la mouvance islamique et de la gauche ainsi que des activistes ayant vécu l’injustice, la persécution et la marginalisation sous l’ancien régime.

Originaires de Jendouba, Nabeul et Gafsa, des hommes et des femmes de tous les âges, racontent les souffrances, les violences physiques et verbales qu’ils ont connu dans les centres de détention et dans les geôles.

Avec des mots et des larmes, les victimes décrivent avec détails, leurs souvenirs douloureux et se remémorent de leurs tortionnaires tout en évoquant leurs attentes de la justice transitionnelle.

Certains disent avoir pardonné pour ne pas continuer de vivre dans la haine et la rancoeur mais réclament toutefois que les bourreaux leur demandent pardon à eux et à leurs familles.

D’autres victimes exigent que justice soit rendue et insistent pour que l’opinion publique soit informée des actes d’harcèlement, des insultes et des souffrances dont ils ont été victimes.

«Tous les dépassements devraient être documentés pour écrire la vraie histoire de la Tunisie et rendre justice à chacun d’entre nous», ont-ils insisté.

“Les Apatrides” est un documentaire produit par l’Association Tunisienne de Droit du Développement (ATDD) en collaboration avec le Programme des Nations-Unis pour le Développement (PNUD).

Le documentaire avait été présenté, en mars 2014, par l’ATDD en marge de la publication des résultats d’une enquête réalisée par l’association sur la justice transitionnelle.

Cette oeuvre avait participé à la 6ème édition du festival international du film documentaire de Khouribga au Maroc (FIFDOK) et au festival international des droits de l’Homme à Tunis (Human Screen Festival) (décembre 2014).

L’ATDD a appelé à activer le dossier de la justice transitionnelle pour contrer le phénomène de l’impunité et rendre justice aux victimes de la dictature avant d’aboutir à la réconciliation.

La présidente de l’Association, Sihem Bouazza a insisté sur le rôle majeur de la société civile pour «dépasser les dissensions entre ses différentes composantes» afin de parvenir à une justice transitionnelle et non pas à une justice sélective et de vengeance.

L’association a aussi fait part de ses critiques de la loi sur la justice transitionnelle qui ne tient pas compte des dépassements enregistrés dans les secteurs de la santé et dans le domaine de l’environnement.

Elle a aussi relevé que le dossier de la justice transitionnelle doit être du ressort de la société civile et du pouvoir judiciaire et non pas des autorités politiques.

L’association a aussi émis des réserves concernant la composition de l’Instance Vérité et Dignité (IVD) qui répond, dit-elle, à la logique « des quotas politiques ».

Créée le 23 avril 2004, l’ATDD est une association politique qui «œuvre au renforcement de la règle de droit et de la bonne gouvernance en Tunisie…» lit-on sur son site web.