Les travaux du colloque international sur les réseaux sociaux dans un environnement médiatique en mutation, ont démarré jeudi, dans la banlieue nord de Tunis.
Au programme de cette première journée de la manifestation qui se poursuit, trois jours durant (du 16 au 18 octobre), les universitaires, chercheurs et autres experts ont planché sur le rôle des médias sociaux dans la transition démocratique et la participation politique.
Dr Mohamed Quirat de l’Université du Qatar a, de ce fait, parlé du rôle des nouveaux médias dans les pays du printemps arabe. Définissant les nouveaux médias comme des outils de mobilisation de masse, l’expert estime « la transition avec ce qu’elle implique comme changements économiques et sociaux, a imposé de nouveaux besoins pour les sociétés ayant vécu des révolutions ».
Selon lui, les médias sociaux ont, certes, ouvert un nouvel espace d’expression, de partage, de communication, mais, pour changer la situation économique, politique et sociale, les potentialités des nouveaux médias s’avèrent limitées. Il s’est dans ce sens interrogé sur le rôle des médias sociaux en période de transition.
« Lorsqu’on aspire à des changements radicaux dans le système politique et socio-économique, il faudrait surtout du temps, de la rigueur et de la patience » a-t-il soutenu.
Pour Dr Noureddine Miladi, maître-assistant au département médias à l’Université du Qatar et auteur d’une recherche sur « les nouveaux médias, les jeunes et la transition démocratique en Tunisie », les nouveaux médias ont compté parmi les instruments pesants qui ont accéléré le déclenchement de la révolution, en levant les obstacles qui bloquent l’accès à l’information et entravent l’opération de communication.
Après la révolution, a-t-il encore noté, les médias sociaux ont acquis une plus grande notoriété chez les citoyens, toutes franges confondues. Le nombre d’utilisateurs de « Facebook » et « Twitter » a alors doublé voire triplé durant la période post-révolution. S’agissant de l’impact des médias sociaux sur la participation politique, Miladi a estimé, dans une déclaration à la TAP, que deux tendances se dégagent.
D’un côté, les médias ou réseaux sociaux ont été exploités par les acteurs politiques et même par les jeunes pour diffuser leurs idées, participer au débat public sur des questions d’ordre politique et se mobiliser au profit de certaines causes voire actions et manifestations.
De l’autre, a-t-il ajouté, les médias sociaux ont servi d’espace pour la diffusion de rumeurs et d’informations erronées. Sur le rapport médias sociaux-participation politique, l’universitaire et chercheur en médias à l’IPSI, Sadok Hammami, a, pour sa part, fait savoir que « nous nous pouvons pas parler de médias sociaux dans le contexte politique actuel, sans faire allusion à « Facebook », la plate-forme numérique la plus utilisée en Tunisie et comprendre comment ce réseau social s’intègre dans la vie politique et sociale. Il a rappelé que durant la révolution Facebook a fait office de plate-forme de contestation et d’engagement politique.
Aujourd’hui, il constitue plutôt une plate-forme de désengagement politique. « Les réseaux sociaux changent d’usage en fonction du contexte. Aujourd’hui, de moins en moins d’internautes parlent de politique, mais de plus en plus de stratégies de marketing politique se font sur les réseaux sociaux ».
Les travaux du colloque se poursuivront vendredi sur le thème des nouvelles pratiques médiatiques et de communication, la violation de la déontologie de la profession et l’atteinte à la vie privée.
Le programme du colloque prévoit, également, samedi, une table ronde sur l’évolution des méthodologies de recherche en médias sociaux.
La rencontre est organisée conjointement par l’Institut de presse et des sciences de l’information (IPSI) et l’Association arabo-européenne des chercheurs en médias et en communication (DAAD).