Tunisie – UTICA – Tournée du Golfe : “Nous avons réussi à nous repositionner dans les pays du Golfe”

utica-widedbouchamaoui-tourneeGolfe-032014“Une visite fructueuse. Nous avons réussi à nous repositionner dans les pays du Golfe et à reconsolider nos relations avec des partenaires de longue date qui sont importants même s’ils ne figurent pas en tête de peloton au niveau des investissements et échanges commerciaux avec notre pays en nombre”. C’est ainsi que s’est exprimée Wided Bouchammaoui samedi 22 mars lors de la conférence de presse tenue au siège de patronat et dont l’ordre du jour était la toute récente tournée effectuée par le Chef du Gouvernement ainsi qu’une délégation d’hommes d’affaires aux Émirats Arabes Unies, en Arabie Saoudite, au Bahreïn, au Koweït et au Qatar.

L’UTICA a été représentée par sa présidente ainsi que par Hichem Elloumi, vice-président et Hamadi El Kooli, membre du bureau exécutif et chargé des relations avec les pays arabes à l’UTICA.

Pour rappel, 40% du volume des IDE réalisés en Tunisie proviennent des pays du Golfe, les 60% venant des autres pays du monde. Les investisseurs arabes rencontrent des difficultés d’ordre procédural et même culturel dans notre pays. Il faut reconnaître que les économies libérales des pays du Golfe se prêtent mal à un système économique bâtard tel que le nôtre. Un système dans l’apparence ouvert et libéral mais dans la réalité alourdi par le poids de lois et de règlementations compliquées et entravantes pour un développement économique harmonieux dans un monde globalisé.

“Une réunion des représentants des chambres commerciales arabes se tiendra à Tunis du 31 mars au 3 avril. Lobna kacemi, ministre émiratie des Investissements et de la Coopération Internationale, s’est montrée très réceptive quand à une relance rapide et concrète des investissements émiratis en Tunisie. Il nous revient à nous en tant qu’opérateurs privés de nous préparer à faire des propositions pour des partenariats constructifs et avantageux pour les uns et les autres” a indiqué Madame Bouchammaoui.

Espérons que les privés baliseront le terrain avant la tenue d’une réunion aussi importante contrairement à ce qui s’est passé lors du périple de Mehdi Jomaâ. Car comment s’empêcher de penser que cette tournée des pays du Golfe aurait pu être meilleure si mieux préparée. Le relationnel, le lobbying et les positions respectables du Chef du Gouvernement auraient servi à dégeler les icebergs plantés ça et là dans cette région, l’une des plus riches au monde, par “l’honorable Président Marzougui” si ce n’est que la diplomatie n’a pas vraiment assuré. Une raison suffisante pour revoir les profils des ambassadeurs en place et vérifier s’ils peuvent assurer en tant que dignes représentants d’un pays qui a besoin de déployer plus d’efforts dans la diplomatie économique.

Les privés ont besoin de relais diplomatiques efficients pour réussir leurs entreprises, qui ne le sait pas?

“En une année, la Turquie a ouvert près de 40 ambassades en Afrique sans parler de la Chine. Nous devons envisager les choses et le monde autrement et surtout réaliser que le Golfe arabe d’aujourd’hui n’est plus celui d’avant 1973, a indiqué Hamadi Kooli : “Il va falloir changer d’idée à propos des pays du Golfe devenus aujourd’hui considérablement développés et sites convoités pour les opérateurs privés à l’international. La sécurité alimentaire représente un enjeu vital pour ces pays dont les terres riches en énergies fossiles ne sont pas fertiles. Nous pouvons développer avec eux ici en Tunisie des projets d’envergure allant de la production à l’industrialisation et la commercialisation et passant par le stockage des produits alimentaires. Nos compétences sont reconnues et notre expertise est appréciée. Ces pays là disposent d’énormes moyens financiers. Nous ambitionnons de travailler ensemble en concertation avec les autorités officielles à renforcer nos partenariats” a tenu à préciser Hamadi Kooli.

Au moins 7 activités pourraient être développées en coopération avec les pays du Golfe qui ont besoin de céréales, d’huiles, de sucre, de viandes, de produits laitiers et des fourrages. Le créneau de l’agriculture et dérivés offre à la Tunisie des opportunités intéressantes pour les investisseurs arabes et renforcent l’attractivité du site Tunisie. Mais pas seulement. La fabrication des composantes automobiles et aéronautiques dans lesquelles l’Etat tunisien a investi depuis belle lurette, conjuguée à un savoir faire acquis et conquis par force de partenariats avec des constructeurs mondialement reconnus, pourraient attirer les opérateurs privés du Golfe arabe actionnaires dans des marques réputées en Tunisie.

14 milliards de $ ont été investis en Turquie par les pays du Golfe. Le développement économique, la croissance, l’emploi ne se développent pas par force de discours chauvins, revendications d’une souveraineté économique que même la Chine et la Russie n’espèrent plus ou la peur que “l’on vienne exploiter notre main œuvre et voler nos richesses”.

Aucun pays n’est totalement indépendant dans un monde globalisé et a fortiori la Tunisie dont les ressources naturelles sont limitées. La plus grande richesse dont nous pouvons nous prévaloir est humaine, usons-en pour attirer les investisseurs et arrêtons donc ces discours des Soixante huitards attardés qui pensent que l’on peut encore vivre d’amour et d’eau fraîche. La preuve, grâce à ce genre de posture, nous avons récolté l’extrémisme, le terrorisme et les crises identitaires!

Amel Belhadj Ali.