La lutte contre la traite des personnes et le trafic illicite des migrants en Tunisie et les moyens de renforcer les capacités pour combattre ces fléaux ont été au centre d’un workshop organisé lundi à Tunis à l’initiative du ministère de la Justice, des Droits de l’Homme et de la justice transitionnelle, du Bureau des Nations Unies en charge de la criminalité et du narcotrafic, et de la Ligue des Etats arabes.
Dans une déclaration de presse, la directrice de la coopération internationale au ministère de la Justice, Najet Ben Salah, a indiqué qu’un projet de loi sur la lutte contre la traite des êtres humains était en instance d’examen par l’Assemblée constituante.
« L’idée de traite des humains est en elle-même étrangère à la Tunisie où l’expression est beaucoup moins courante que celles d’exploitation économique ou d’émigration illicite », a-t- elle relevé.
Pour elle, la traite des personnes est un phénomène « transnational » qui peut toucher la Tunisie dans le contexte de l’ouverture sur le monde extérieur et au vu de la conjoncture régionale, estimant que la promulgation de lois ne peut suffire à elle seule à juguler cette forme de criminalité qui commande plutôt le développement de la coopération internationale en la matière, de même que l’échange d’expertises et de renseignements.
Selon Najet Ben Salah, ce Workshop fait partie des dispositions préventives prises par la Tunisie pour circonscrire de tels fléaux qui pourraient affecter la société tunisienne, indiquant qu’il n’y a pas de statistiques sur la traite des humains en Tunisie. Sollicité lui aussi par l’agence TAP en marge de ce workshop, le coordinateur du programme de lutte contre la traite des humains à l’Organisation internationale pour les migrations, Hafedh Ben Miled, a livré quelques unes des conclusions de l’étude réalisée en Tunisie par l’OIM et qui devait être présentée au cours de ce workshop.
A en croire cette étude, la Tunisie est considérée désormais comme un pays émetteur autant qu’une zone de transit des pratiques de traite des humains. Ben Miled a fait état d’un grand nombre de Tunisiens et de Tunisiens victimes de la traite des humains, surtout à l’étranger, en particulier des les réseaux de prostitution, dans les foyers de tension, voire dans le travail forcé.
L’activité de traite des personnes existe aussi en Tunisie, selon cet expert, notamment dans la filière du travail domestique (les aide-ménagères âgées de 12 à 18 ans) et dans les réseaux de prostitution et de mendicité. Cette étude, la première du genre de l’OIM, a été réalisée au cours de la période de novembre 2012 à avril 2013, en coordination avec un certain nombre de ministères Tunisiens et certaines composantes de la société civile.
Elle a pour objectif, toujours d’après le même expert, de dresser un état des lieux de la traite des humains, de répertorier les manifestions de cette forme de criminalité en Tunisie, considérée comme la troisième dans le monde en terme de degré de gravité après le trafic de stupéfiants et le trafic d’armes.
Cette étude, a-t-il ajouté, n’a pas pu fournir des statistiques précises sur ce phénomène en Tunisie mais, a- t-il dit, a prouvé que les femmes et les enfants sont les premiers concernés, les hommes venant en second lieu.
S’agissant du concept de traite des humains, Hafedh Ben Miled a rappelé que le Protocole de Palerme, avenant à la Convention des Nations Unies contre « la criminalité transnationale » définit cette forme de délinquance comme étant celle consistant à recruter, employer, embrigader ou déplacer une personne par la ruse, sous la contrainte, sous la menace, par la corruption ou par quelque autre moyens que ce soit à des fins d’exploitation matérielle ou morale.
Ce workshop qui se poursuivra sous forme de séances à huis clos planchera sur l’arsenal législatif, les réalités de la traite des humains, l’émigration illicite en Tunisie et l’approche droits-de-l’hommiste en matière de lutte contre le crime de traite des personnes.